Textile : les pays méditerranéens s’organisent face à la déferlante asiatique

 
 
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Des ouvrières dans une usine de textile à Tunis le 15 mars 2006 (Photo : Fethi Belaid)

[19/07/2006 10:31:07] MARSEILLE (AFP) Pour faire face à la concurrence chinoise, les industriels européens du textile, pragmatiques, ont décidé de s’allier à ceux de la rive sud de la Méditerranée en créant une Cité euroméditerranéenne de la mode, à Marseille.

Lieu d’échange, de formation, de création, cette cité installée en décembre 2005 est censée fournir des armes à la filière euro-méditerranéenne pour contre-attaquer et ne pas subir la débandade annoncée avec la levée de certains quotas.

En 2003, quand son idée a germé, “on était dans une stratégie défensive: remettez-nous des quotas, réclamaient les industriels. A Marseille, on s’est dit qu’il fallait passer à l’offensive”, explique Christian Apothéloz, consultant.

C’est Maryline Bellieud-Vigouroux, directrice de l’Institut mode Méditerranée (IMM), observatoire marseillais des métiers de la mode, qui est à l’origine du concept. C’est également elle qui l’abrite dans ses locaux de la Canebière dans l’attente d’un bâtiment spécialement dédié qui ouvrira ses portes dans la nouvelle zone d’affaires Euroméditerranée à l’horizon 2010.

Indépendante de l’IMM, la Cité est actuellement co-présidée par le président de la fédération française de prêt-à-porter féminin, Jean-Pierre Moccho, et le président de l’association marocaine des industries du textile et de l’habillement, Karim Tazi.

La France, le Maroc, la Tunisie, l’Italie, le Liban, la Turquie, l’ont rejointe, la Grèce bientôt et le Portugal début 2007. L’Egypte et l’Algérie ont été approchées tandis que l’Espagne traîne des pieds, se mordant les doigts de ne pas y avoir pensé avant, explique Mme Bellieud-Vigouroux.

Chargée du développement de la Cité, Valérie Melin résume l’intérêt de ces pays: “Sauvegarder leurs emplois”. Le bassin méditerranéen compte 4 millions de salariés dans le textile, essentiellement des femmes. Pour y parvenir, la cité les encourage à travailler ensemble.

“On essaie de convaincre les entreprises d’ici de sous-traiter leur production en Tunisie ou au Maroc, proches géographiquement et culturellement, plutôt que de céder au chant des sirènes de l’Asie qui peut les décevoir par la qualité et les délais de livraison”, dit-elle.

Mais les rôles ne sont pas censés rester figés, avec la création au nord, la production au sud. “La Tunisie, pour survivre, veut passer du statut de sous-traitant à celui de co-traitant. Certaines entreprises veulent déjà créer leurs marques”, donne-t-elle pour exemple.

La Turquie, plus gros producteur textile de la zone, commence déjà “à tirer son épingle du jeu avec quelques marques créatives qui n’ont rien à envier aux marques parisiennes”, poursuit-elle.

La Cité veut exploiter la proximité du marché européen, le premier mondial, et l’attrait qu’exerce la Méditerranée pour valoriser les produits de cette région. “Il y aura une école du bloc asiatique, une école du Nord. Il faut qu’on arrive à créer un bloc méditerranéen”, dit Mme Bellieud-Vigouroux, persuadée que “c’est la culture qui sauve l’économie”.

Pour réaliser ses premiers projets – des rencontres multilatérales, une résidence d’été pour des créateurs méditerranéens, une université d’été (à partir de 2007), un portail internet – la cité dispose d’un budget limité: 230 millions d’euros apportés entre autres par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, des mécènes et les fédérations textiles.

 19/07/2006 10:31:07 – © 2006 AFP