Les prix du pétrole battent des records à Londres et New York

 
 
SGE.ONA78.070706212058.photo00.quicklook.default-245x173.jpg
Des courtiers en énergie à New York, le 6 juillet 2006 (Photo : Spencer Platt)

[07/07/2006 21:22:20] NEW YORK (AFP) Les prix du pétrole ont battu de nouveaux records historiques vendredi car le marché a repris confiance dans la solidité de l’économie mondiale et donc de la demande, et s’inquiète de l’instabilité géopolitique clairement illustrée par les dossiers nucléaires iranien et nord-coréen.

A New York, le baril de “light sweet crude” pour livraison en août a grimpé jusqu’à 75,78 dollars, son plus haut niveau depuis le début de sa cotation en 1983.

A Londres, le Brent de la mer du Nord a franchi le seuil de 75 dollars pour la première fois, grimpant jusqu’à 75,09 dollars.

Ils ont ensuite subi quelques prises de bénéfices et clôturé à 74,09 dollars à New York et 73,51 dollars à Londres.

Les prix ont gagné 25% depuis le début de l’année et ont doublé leur valeur en deux ans. Mais corrigés de l’inflation, ils restent en dessous des 85 dollars atteints après la révolution iranienne de 1979.

“La flambée des prix des matières premières a redémarré, et cette fois, elle repose principalement sur une amélioration du sentiment à l’égard de l’économie mondiale”, estime Deborah White, analyste à la Société Générale.

Les prix du brut ont commencé à rebondir après la réunion de la Réserve fédérale américaine du 29 juin, à l’issue de laquelle la banque centrale a relevé ses taux à 5,25% mais laissé entendre qu’elle pourrait en rester là cette année.

Or, explique Deborah White, une pause monétaire “c’est positif pour la croissance économique et positif pour la demande, aux Etats-Unis et aussi dans le monde”.

C’est dans ce contexte que les investisseurs ont choisi d’ignorer la hausse surprise des stocks d’essence américains annoncée jeudi, pour se concentrer sur la vigueur de la demande d’essence, qui s’affiche à un niveau quasi historique aux Etats-Unis, à 9,65 millions de barils par jour, en dépit des prix élevés de l’énergie.

Pour Michael Davies, de la maison de courtage Sucden, le fait que la demande n’est pas affectée par le niveau élevé des prix est significatif. “Cela montre que la demande est toujours importante et augmente même malgré les prix élevés à la pompe”.

L’économie mondiale a bien mieux résisté que prévu à la spirale de hausse des cours du pétrole. Le Fonds monétaire international (FMI) a ainsi revu en hausse ses prévisions de croissance mondiale à 5% pour les années 2006 et 2007.

Mais si la vigueur économique est en grande partie responsable du haut niveau actuel des prix du brut, c’est l’agitation géopolitique qui a déclenché leur envolée à des records historiques.

Alors que l’Iran tarde à répondre à l’offre de coopération des grandes puissances en échange de la suspension de ses activités d’enrichissement d’uranium, la Corée du Nord a promis d’autres tirs d’essai de missiles et des “actions vigoureuses” contre les pays qui exerceraient des représailles.

L’Iran est le quatrième producteur mondial de pétrole, avec 4 millions de barils par jour. La Corée du Nord ne produit pas d’or noir, mais une escalade des tensions dans la région pourrait perturber l’approvisionnement en brut de l’Asie, selon des courtiers.

Parallèlement, au Nigeria, premier producteur d’Afrique et théâtre d’affrontements ethniques depuis plus de six mois, un employé néerlandais du secteur pétrolier a été pris en otage jeudi dans le Delta du Niger (sud).

“Il continue à y avoir un risque de hausse (des prix) à court terme”, juge Bart Melek, analyste chez BMO Nesbitt Burns.

“Les prix du brut pourraient aisément atteindre la barre des 90 dollars — de manière temporaire — si quelque chose venait à arriver (…) au Moyen-Orient ou sur le front des ouragans”, prédit-il.

La saison cyclonique 2006 pourrait enregistrer dix ouragans d’ici novembre et endommager l’infrastructure pétrolière américaine, déjà durement touchée par les cyclones l’été dernier.

 07/07/2006 21:22:20 – © 2006 AFP