L’économie américaine a créé 121.000 emplois en juin

 
 
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Des employés du magasin Wal-Mart, le 26 janvier 2006 à Evergreen Park dans l’Illinois (Photo : Tim Boyle)

[07/07/2006 16:22:30] WASHINGTON (AFP) L’économie américaine a créé 121.000 emplois en juin, beaucoup moins que prévu, ce qui illustre le ralentissement de la croissance dans un contexte de gonflement de l’inflation.

Ce chiffre a déçu les analystes qui tablaient sur 175.000 nouveaux postes. Mais le taux de chômage est resté à 4,6% de la population active, un niveau conforme à leurs attentes.

L’euro est repassé au-dessus de 1,28 dollar sur ces nouvelles.

“Des créations d’emplois décevantes en avril, mai et juin indiquent que l’économie est en train de ralentir”, selon Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland (est).

Au deuxième trimestre, les entreprises ont créé 108.000 emplois par mois en moyenne, contre 169.000 au cours des 12 mois précédents. C’est moins que les 150.000 embauches nécessaires pour absorber la hausse de la population active.

“L’affaiblissement de l’immobilier et la hausse des prix de l’essence ont freiné les ventes de voitures et le commerce de détail, et cela se répercute sur l’investissement des entreprises, la construction et les embauches”, selon M. Morici.

Le tertiaire est le secteur qui a le plus créé d’emplois en juin, surtout dans le service public (+31.000), mais le commerce de détail a licencié pour le troisième mois consécutif (-7.000). L’industrie a créé 15.000 emplois alors que la construction en supprimait 7.000, là aussi un signe du refroidissement de l’immobilier.

Par ailleurs, les analystes se montraient préoccupés de la hausse des salaires, qui a atteint 0,5% en juin et 3,9% sur un an.

“C’est le pire que l’on puisse avoir: des créations d’emplois faibles et une accélération des salaires”, a noté Nigel Gault de Global Insight.

La hausse des rémunérations constitue une nouvelle menace pour l’inflation, alors que la flambée des prix du pétrole et des matières premières risque déjà de se répercuter sur les prix à la consommation.

Et cela accentue le dilemme de la Réserve fédérale (Fed). Lutter contre l’inflation appelle de nouvelles hausses de taux, mais cela risque d’étouffer la croissance au moment où elle commence à ralentir.

Aussi les analystes sont-ils partagés sur la politique des taux.

“La progression de l’inflation signifie que la Fed doit encore agir. Nous tablons sur une nouvelle hausse de 0,25 point de son principal taux directeur, à 5,5%, lors de la réunion du 8 août, et il y a un risque que la Fed doive aller encore plus loin en dépit du ralentissement économique”, estime M. Gault.

D’autres parient sur une pause.

Le rapport “donne des nouvelles mitigées qui ne sont pas concluantes” pour la Fed, estime Stephen Gallagher de la Société Générale, qui prévoit “un statu quo en août”.

Beaucoup soulignent en effet que la Fed n’est guère plus avancée après ce rapport.

“Ce qui sera déterminant, c’est si la productivité sera assez forte pour absorber l’accélération des salaires”, selon Patrick Fearon d’AG Edwards. Mais c’est un indicateur trimestriel, publié avec retard, et “se faire une idée sur le sujet constituera un défi pour la Fed”, selon l’économiste.

Aussi les marchés ont-ils déjà les yeux tournés vers le prochain gros indicateur en matière d’inflation, celui des prix à la consommation qui sera publié le 19 juillet.

“C’est aussi le jour du discours de Ben Bernanke”, le président de la Fed, devant le Congrès, “et cela sera déterminant pour les marchés financiers”, prédit M. Gallagher.

 07/07/2006 16:22:30 – © 2006 AFP