Crise ouverte à l’OMC et incertitude sur la suite du processus

 
 
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Réunion de délégués des pays membres de l’OMC, le 30 juin 2006 à Genève (Photo : Jean-Pierre Clatot)

[01/07/2006 06:29:08] GENEVE (AFP) L’Organisation mondiale du commerce s’est retrouvée dans la nuit de vendredi à samedi en territoire familier, celui de la crise, l’incapacité des six principaux acteurs à rapprocher leurs positions signifiant l’échec des négociations de Genève.

Réunis avec le directeur général de l’OMC Pascal Lamy, les chefs des délégations du G6 (UE, Etats-Unis, Brésil, Inde, Japon et Australie) n’ont pu que constater, peu après minuit, leur incapacité à sortir de l’impasse des négociations destinées à définir l’architecture du cycle de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar.

“Il n’y aura pas d’autre réunion du G6. Nous devons reconnaître que nous n’avons pas été capables de bouger, qu’il demeure des divergences majeures entre nous et qu’il y a une crise”, a affirmé le ministre indien du Commerce Kamal Nath à quelques journalistes. M. Nath a ajouté qu’il quitterait dans la journée Genève pour New Delhi.

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Pascal Lamy, le Directeur de l’OMC à Genève, le 24 avril 2006 (Photo : Fabrice Coffrini)

Pour la première fois vendredi, M. Lamy avait brandi le spectre de la crise. “Si nous ne changeons pas de cap radicalement dans les prochaines heures ou les prochains jours, nous serons franchement face à une crise”, avait-il lancé aux représentants des 149 pays membres de l’OMC.

L’ultime réunion du G6, dont le manque de “leadership” a d’ailleurs été dénoncé à plusieurs reprises à Genève, n’a pas permis de rapprochement des positions sur les dossiers difficiles de la réduction des tarifs et des subventions en agriculture, a confirmé le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim.

Toutefois, “personne ne pense actuellement à un plan B. Tout le monde est attaché au plan A, qui signifie travailler de manière intense au mois de juillet, mais pas nécessairement en faisant venir les ministres ici”, a-t-il expliqué à quelques journalistes à l’issue des discussions du G6.

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Les droits de douane à l’importation

Une réunion informelle d’une trentaine de délégations représentatives, la “chambre verte” dans le jargon de l’OMC, devrait décider samedi matin de la suite du processus.

M. Amorim a d’ailleurs estimé que Pascal Lamy devrait y jouer “un rôle d’avantage proactif, en termes de consultations, essayant de formuler des questions qu’il est parfois difficile (pour les négociateurs) de poser aux autres parce que cela implique d’échanger des positions de négociations”.

“Il peut aider à jeter des ponts”, a-t-il dit, tout en rejetant l’idée qu’un schéma de compromis puisse être rédigé par le directeur général lui-même.

Organisation “dirigée par ses membres” selon la formule consacrée, l’OMC fonctionne par consensus. Comme depuis toujours depuis le lancement du cycle de Doha, c’est la négociation agricole qui demeure l’obstacle principal à un accord.

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Le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, le 29 juin 2006 à Genève (Photo : Jean-Pierre Clatot)

Devant l’absence de progrès dans les négociations, en dépit de nombreuses réunions particulièrement houleuses entre les principaux acteurs, le directeur général de l’OMC avait décidé de reporter d’avril à fin juin l’échéance clef pour arracher un accord sur les “modalités” de négociations, autrement dit la structure d’un compromis final.

M. Lamy n’a cessé de répéter qu’à défaut d’un accord avant l’été, l’énorme travail de finalisation de “l’engagement unique” qui boucle un cycle de négociations de l’OMC ne pourrait pas être achevé dans les temps, c’est à dire au plus tard début 2007.

“Parfois une crise est nécessaire pour parvenir à un accord, ce ne serait pas la première fois”, avait indiqué plus tôt dans la journée Celso Amorim.

Après son lancement avorté à la conférence ministérielle de Seattle en 1999, le cycle avait été lancé avec succès par l’OMC à Doha. Vinrent ensuite le nouvel échec de la conférence de Cancun en 2003, la conclusion de l’accord cadre de Genève en juillet 2004 débloquant les négociations agricoles, puis les avancées modestes enregistrées à la conférence ministérielle de Hong Kong en décembre 2005.

 01/07/2006 06:29:08 – © 2006 AFP