Renvoi de l’ambassadeur syrien en Tunisie… Est-ce la bonne décision?!

syrie2012.jpgMoncef Marzouki, président provisoire, issu de l’Assemblée constituante, “refuseur“ de compromis, qui persiste à croire à un nouveau monde post-tragique, voire post-historique, vient d’investir, d’une manière cavalière, le champ politique moyen-oriental. O combien complexe!, disait le Général De Gaulle. De couper les ponts avec Damas. D’y aller, cette fois-ci, au canon. De faire encore un pas vers son ancien ami d’exil, à Paris, Borhan Ghalioun, chef du Conseil National Syrien. De déclarer l’ambassadeur du Cham dans notre pays persona non grata. De créer un casus belli. De braquer une bonne partie de l’opinion publique tunisienne, adepte depuis toujours de la réserve et de la retenue. De mordre, à belles dents, sur les traditions de notre politique étrangère. D’impliquer notre diplomatie dans des axes porteurs de discordes et de zizanies. D’antagoniser les unionistes arabes esmati et leurs camardes de combat baathistes, encore influents parmi l’intelligentsia tunisienne. De mélanger les pinceaux de ses penchants idéologiques et personnels avec ceux de la raison d’Etat. D’endosser des rapports de forces régionaux versatiles et changeants. Sans débat à la Constituante. A la va vite. Alors que chacun d’entre nous est détenteur d’une parcelle de l’intérêt national. La charge est vraiment outrancière. Dommage…encore un nouveau coup de ciseau dans le pacte social tunisien en gestation. Alors que le génie politique est celui qui détecte et qui unifie, dixit André Malraux.

Eh oui…! Apparemment, à Carthage, même en période transitoire, on veut être de tous les combats, de toutes les pétitions, de tous les meetings. Dans le tohu-bohu, qui accompagne actuellement les traumatismes historiques, le déplacement des plaques tectoniques de la géopolitique et les idéologies de l’ingérence, notre président, nous dit-on, n’est pas le défenseur des justes causes. Il est la «cause». Le propagateur. Le maître à penser. Le serviteur des évènements. Qui porte en bandoulière la noble bannière de l’égalité et du combat des peuples en faveur de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme!

Finis le découragement et la réserve. Roulez tambours, passez musettes. C’est l’heure de l’exaltation, de l’ardeur et de la volonté. Carthage, c’est la ruche de la ferveur, nous dit-on. A sa tête un mystique, un missionné, qui se sent connecté à une force supérieure. Il s’agit d’un homme de pouvoir, qui semble aller à une vitesse inédite en politique. Il entend coller à l’émotion du jour. Porter le fer dans la plaie. D’accord, mais à condition de savoir pour qui on porte le fer, et dans quelle plaie. Sinon bonjour les dégâts. Car, à ce rythme-là, nul ne sait s’il faut en rire. Ou se contenter de lever une paupière… Un peu de modestie que diable!

«Oui, mais pourquoi se lier les mains et prendre une position aussi tranchée, aussi visible vis-à-vis du régime syrien, quand d’autres acteurs de la région, plus engagés dans la croisade anti-alaouite, véritables supports financiers, militaires et logistiques de l’opposition syrienne, à l’instar des pays du Golfe et de la Turquie d’Erdogan, sont encore dans l’expectative, se gardent des abstractions, se concertent, se présentent en arrangeurs, négocient, observent une prudence de sioux, avancent à pas de chat dans les méandres de la diplomatie internationale, en laissant, chaque fois que c’est possible, plusieurs options ouvertes, et sans jamais s’engager, à chaque étape, plus loin que nécessaire, évitant ainsi de rompre définitivement avec Damas?», s’interroge M. Aissa. Baccouche, sociologue de renom et ancien secrétaire général de l’UGET dans les années soixante, pour qui la récente décision présidentielle est à connotation idéologique, nerveuse, brutale, théâtrale, consacrant l’unilatéralisme d’une Troïka titubant de pouvoir, incapable de sortir du champ partisan, d’éviter les proclamations et les bras de fer verbaux, de raisonner en termes d’influences, de coalitions, de compromis, en concertation avec notre environnement maghrébin. Afin de paraître méthodique, patient et tenace. Car dans les relations internationales, souvent, qui veut faire l’ange fait la bête.

A bon entendeur…salut!.

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