Tunisie-Affaires Etrangères : Traqué, assiégé… Ahmed Ounaies jette l’éponge

affaires-etrangeres-art.jpgAlors, de quoi s’agit-il ? D’une révolution ? D’une révolte ? D’un soulèvement ?
D’un putsch ? Le peuple tunisien, aux prises avec son destin, devant le galop
des évènements, retient son souffle. Relance le débat. Exprime sa joie. Scrute
l’avenir. Compte ses amis. Reformule ses revendications. Seulement voilà, M.
Ahmed Ounaies n’est pas de la partie. Pour lui, la révolution est une blague.
Une parenthèse. Une incantation. Rien de plus. Il se sent au dessus de la mêlée.
De la cohue. De la meute. Des sans-culottes. Du bouillonnement social. Seul
compte, à ses yeux, son rêve de diplomate. Ses problèmes nombrilistes. Ses
fantasmes d’un autre âge. Sa soif personnelle de reconnaissance internationale.
Ses émois devant Alliot Marie (M.A.M). Ses effusions à Bruxelles. Son émotion
sur le perron du Quai d’Orsay. Son affaissement face à l’universalisme
occidental. Ses penchants politiques, qui en disent long sur une équipe au
pouvoir rafistolée à la hâte. Autiste (à part quelques membres). Excitée.
Frileuse. Au réflexe moutonnier. Face aux événements. Aux magouilles. Aux
manipulations de toutes sortes. Aux manigances des uns et des autres.

Au fait, impatient de mordre, d’exister, de statuer, de se répandre, de serrer
les mains, de décocher un sourire dents blanches. A ses homologues. D’Europe.
Surtout. M. Ahmed Ounaies, ministre des Affaires étrangères du gouvernement
transitoire, homme de petite taille, émacié, au regard brûlant, sûr de son
droit, de ses convictions bourguibiennes et de sa supériorité intellectuelle, a
dévalorisé, par ses déclarations, les transformations sociales en cours dans le
pays, oublié de capitaliser l’énergie révolutionnaire des tunisiens lors de son
premier déplacement à l’étranger, affiché une posture diplomatique d’un autre
âge, s’est comporté en apparatchik, désireux de plaire dans les capitales
occidentales visitées, adopté un comportement servile et complaisant en France,
dont l’un des poids lourds du gouvernement, héritière de la tradition gaulliste,
nous dit-on(sic), savourait, en Tunisie, à bord des jets privés, les délices des
amitiés compromettantes, couvrait de son silence un régime prédateur et
vaçancait à résidence d’été, du sud au nord d’un pays en proie aux flammes,
soumis à une violente répression.

Décidemment, en période postrévolutionnaire, où les peuples entendent
réempoigner par les cheveux l’histoire qui va passer, la politique, c’est la
fosse aux lions. Nul n’échappe aux pièges du pouvoir. Du flash. Du zapping. Du
zoom. Des médias. Au moindre incident…les quolibets. Les apostrophes. Les
interpellations. Car la prestation de si d’Ahmed à Nesma TV, à son retour de
Paris, était la parabole d’un savoir- faire détonnant !! La leçon donnée… Un
morceau étourdissant de brouhahas, de double jeu, de confusions et d’invectives.
L’ex ministre des Affaires Etrangères du gouvernement transitoire était
nervosiste, frivole, snob, mythomane et même hystérique. Et nous voilà, à la fin
de l’émission, comme Perette et son lait renversé. Finalement, le hasard ne
frappe jamais par hasard. Quand on affronte les problèmes de demain, insiste le
sociologue français Michel Crozier, avec les hommes d’hier, on récolte les
drames d’aujourd’hui.

Le tort d’Ahmed Ounaies, diplomate de carrière, serviteur de l’Etat, des
évènements et des maîtres des lieux (Habib Bourguiba puis Ben Ali) depuis
l’indépendance du pays, est de s’accrocher à des grilles de lecture désuètes.
Surannées. Car pour la première fois dans l’histoire du monde, tous les peuples
sont politiquement actifs, et pas seulement les occidentaux.

Qu’aurait fait un professionnel de la politique, en phase avec son peuple, en
pareille circonstance ? Il aurait tout d’abord, nous dit M. Aissa Baccouche,
sociologue de renom, relevé la tête devant ses interlocuteurs de l’autre côté de
la méditerranée. Il aurait endossé l’élan révolutionnaire de la jeunesse. Il
aurait prôné de nouveaux rapports avec le nord. Il aurait compris les
métamorphoses en cours au sud de la mer intérieure. Il aurait imprimé sa marque
dans ses délibérations face à ses homologues. Il se serait placé dans
l’histoire.