Tunisie – Environnement : Les coûts de la pollution industrielle !

Les risques d’intoxication au chlore relance plus que jamais le débat sur
les industries polluantes dans le pays et leurs conséquences sur la santé.

La société de cellulose de Kasserine, notamment, est réputée pour ses rejets
polluants que ce soit dans l’air ou dans l’oued Andloun. Il y a une
vingtaine d’années, l’usine était épinglée pour ses rejets de mercure,
matière très nocive pour la santé des gens.

L’humanité se rappelle encore l’empoisonnement au mercure des pêcheurs de la
baie de Minamata, au Japon. Cet empoisonnement, dû au rejet en mer d’une
petite quantité de mercure, a marqué les esprits par le nombre de morts
(1.200 en 20 ans).

L’industrie polluante du papier de Kasserine n’est, en fait, qu’une
composante d’un tissu industriel local fort polluant. Les stratèges des
années soixante, pressés de doter le pays d’industries lourdes génératrices
d’emplois, ont été peu regardants sur l’écologie –il faut dire que ce
concept n’avait pas la cote dans les années 60- et les incidences des rejets
industriels sur le cadre de vie des gens.

Les rejets d’autres usines mastodontes énergivores telles que la société de
sidérurgie El Fouledh à Menzel Bourguiba, l’industrie cimentière (7
cimenteries), les tanneries, les huileries (rejet de la margine) ont tous
contribué à cette pollution industrielle.

Aujourd’hui, le contribuable paie très cher la facture de la dépollution.
Des milliards de dinars sont dépensés, non pas pour créer de nouveaux
projets, mais pour corriger ces erreurs industrielles. C’est connu, la
dépollution coûte plus cher que le lancement de projets polluants.

La Tunisie a été amenée à contracter des prêts pour financer la réparation
des dégâts. A titre simplement indicatif -car la liste est longue-, la
Banque européenne d’investissement (BEI) a accordé à la Tunisie, par le
biais de la Facilité Euro-Méditerranéenne d’Investissement et de Partenariat
(FEMIP), deux crédits dédiés au financement de projets d’isolement du
phosphogypse. Le premier, d’un montant de 34 millions d’euros (environ 52
millions de dinars tunisiens), est destiné à réhabiliter la zone polluée de
Taparura. Cette zone côtière souffrait, par l’effet des rejets de
phosphogypse de l’usine NPK, d’un grave problème de pollution.

Le second crédit à taux bonifié, d’un montant de 45 millions d’euros, est
dédié au financement du projet de dépollution du golfe de Gabès. Ce projet
concerne l’évacuation et la mise en terril contrôlé des déchets du
phosphogypse produit par les usines du Groupe chimique tunisien (GCT).

Par de là ces exemples d’industries polluantes et des corrections apportées,
l’heure est désormais à de nouvelles stratégies industrielles. L’essentiel
ici est de tirer les enseignements, dans les meilleurs délais, et de migrer
sans tarder vers la production propre et le développement des énergies
renouvelables.

C’est propre et c’est moins cher.