Il était temps! La BIAT, première banque privée en Tunisie, s’est enfin décidée à oser l’Afrique.

Elle ne sera pas seule dans cette conquête puisque le continent est convoité par le monde entier. Pour accompagner ses clients comme l’a souligné Elyès Ben Rayana, responsable de la Banque de financement et d’investissement de la BIAT, «c’est un partenaire de choix que nous aurons en le Groupe Bank Of Africa (BOA) suivant la formule consacrée du Win/Win. La BOA est réputée pour son expertise sur le marché africain qu’elle connaît parfaitement. Elle sera notre meilleur allié sur place. En ce qui nous concerne, nous promettons d’apporter les meilleures solutions à nos clients pour faciliter leur développement et leur implantation en Afrique».

C’était à l’occasion de la présentation, jeudi 18 courant au siège de la BIAT, de l’offre d’accompagnement des clients en Afrique subsaharienne en présence de dirigeants de groupes et d’entrepreneurs tunisiens. «Cette manifestation ne s’est pas faite de manière improvisée. Cela fait deux ans que nous préparons notre entrée en Afrique et une année que nous négocions la meilleure formule de partenariat avec la BOA qui s’est montrée très réceptive. Et pour preuve, les opérateurs privés tunisiens bénéficieront des mêmes avantages que ceux de leurs homologues marocains dans les pays où est installée la BOA», a tenu à préciser M. Ben Rayana.

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La signature de la convention BIAT-Bank Of Africa impliquerait, entre autres, le lancement par la Banque internationale arabe de Tunisie de lignes de crédit export et de fonds d’investissement pour le développement des PME et un meilleur accompagnement des entrepreneurs tunisiens en Afrique.

Abderrazzak Zebdani, représentant du groupe BOA a affirmé que la seule porte d’entrée pour bénéficier d’un appui de la BOA sera la BIAT. «Notre accompagnement se traduira par des gains de temps, des économies et une optimisation des investissements pour les entreprises clientes de la BIAT».

Une plateforme d’accompagnement a été mise en place entre la BIAT et la BOA pour aider les investisseurs à développer leurs activités sur place, dans des pays où les taux de croissance demeurent les plus forts et les plus stables au monde.

Georges Desvaux, directeur général Afrique et membre du Conseil d’administration McKinsey, qui s’est déplacé spécialement de l’Afrique du Sud pour l’occasion, l’a confirmé dans son intervention. En effet, dans une présentation intitulée «Les lions en mouvement», il a rappelé que la croissance africaine n’est pas un mythe, sauf que parfois des éléments externes interfèrent dans la croissance du continent. «Les pays qui ne sont pas influencés par des facteurs exogènes ont des taux de croissance de 4 à 5%. La réalité africaine est de plus en plus nuancée et la grande question est où et comment investir».

Il a assuré que l’Afrique restera l’une des régions où la croissance sera la plus dynamique dans les prochaines années. «Les dépenses des ménages et des entreprises dans 75 villes africaines représentent un marché de plusieurs centaines de milliards de $ avec une croissance moyenne de 3,8% des dépenses des ménages et 3,3% de celles des entreprises. Soit un total de 3,5%… L’Afrique pourrait, dans un scénario d’accélération industrielle, doubler sa production manufacturière d’ici 2025».

«Pour conquérir l’Afrique, il faut être sur place»

Pour le moment, relève M. Desvaux, les Chinois sont les plus présents avec 8.000 PME sur place. Les clés de la réussite en Afrique tiennent à cinq conditions:

– choisir son ancrage géographique;
– adopter une perspective à long terme;
– intégrer ce qui normalement devrait être sous-traité;
– rechercher des opportunités encore inexploitées;
– investir dans le développement et la rétention des talents dans une option stratégique.

Pour Amine Bouabid, directeur général du Groupe Bank Of Africa, l’Afrique subsaharienne offre de grandes potentialités aux opérateurs privés, grâce entre autres à l’existence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dont 8 pays sont signataires. «C’est une zone économique unifiée. Une seule monnaie, une seule banque, une population  de près de 100 millions d’habitants et un PIB avoisinant les 816 $, soit un maximum de 1496 $ en Côte d’Ivoire et 384 $ au Niger. Le taux de croissance en 2016 a été de 6,8% et l’inflation inférieure à 1%.

Dans cette région, l’influence de la France a considérablement reculé au profit de la Chine et de l’Inde. L’Europe reste assez présente à hauteur de 41%, les USA 10%, l’Afrique 18%, l’Asie 26% et les autres pays 5%.

C’est Slaheddine Ben Saïd, président du groupe SCET, fort d’une expérience de 40 ans en Afrique, grâce à son bureau d’ingénierie, qui a clôturé la première partie de la conférence. Il a réaffirmé l’importance du marché africain où il réalise 80% du chiffre d’affaires de son groupe. «Pour conquérir l’Afrique, il faut être sur place, la proximité, le réseautage et la présence sur terrain sont impératifs. C’est pour cela qu’il faut implanter des succursales et des filiales dont les responsables doivent être en contact avec l’administration et toute la hiérarchie. En ce qui nous concerne, nous avons également mis en place une cellule de veille en direction des bailleurs de fonds qui financent les grands marchés africains».

La SCET a réussi le pari de développer un réseau solide de partenaires fidèles en Afrique de l’Ouest, centrale et de l’Est. «Reste que nous évoluons dans un environnement extrêmement compétitif et que nous sommes confrontés à des problèmes de gouvernance et à des difficultés récurrentes pour ce qui est du recouvrement». D’où l’importance pour les opérateurs tunisiens d’être accompagnés par la BIAT garante de leurs opérations en Afrique avec sa partenaire, la BOA (Bank Of Africa).

Le Groupe Bank Of Africa est implanté dans 18 pays africains. Il est depuis 2010 majoritairement détenu par BMCE Bank (2ème banque au Maroc) qui lui apporte un grand soutien stratégique et opérationnel ainsi qu’un accès direct à des marchés internationaux.

Amel Belhadj Ali