Auditionné, mardi, par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), sur la situation monétaire dans le pays, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Chedli Ayari a indiqué que la mise en place des commissions prévues par le nouveau statut de la BCT a bien eu lieu et que ces commissions ont tenu leurs premières réunions et entamé leurs responsabilités respectives.

Ayari a toutefois, reconnu qu’un retard a eu lieu concernant la finance islamique, estimant que des avancées sont enregistrées dans ce sens que la banque est en train d’étudier les différents produits relatifs à ce type de finance qui constitue une priorité pour la banque.

S’agissant de la banque franco-tunisienne (BFT), Ayari a considéré que cette banque représente un grand problème et qu’elle perd quotidiennement 100 mille dinars. La Banque centrale avait proposé à la présidence du gouvernement de liquider cette banque, sauf que cette proposition a été rejetée. Il a estimé qu’une solution devrait être trouvée d’urgence pour cette banque à qui la BCT injecte des fonds, toutes les semaines.

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Ayari a par ailleurs, considéré que la question des créances accrochées, dont le taux a atteint 16% de l’ensemble des créances, constitue l’une des priorités de la BCT pour la période à venir.

Au sujet du glissement du dinar, il a appelé à ne pas confondre dépréciation et dévaluation, soulignant que les autorités monétaires ont opté pour un flottement encadré, visant à instaurer une flexibilité opérationnelle, afin que le prix de change soit cohérent avec le niveau des déficits extérieurs.

Il a en outre, considéré que l’indépendance de la banque centrale ne signifie pas que celle-ci doit être l’Etat dans l’Etat et qu’elle ne doit pas coordonner avec le gouvernement, assurant que cette institution est en contact quotidien avec les autorités.

Il a, par ailleurs, appelé à ne pas faire porter toute la responsabilité à la BCT, faisant remarquer que la lettre d’intention adressée au FMI a été élaborée dans le cadre d’un conseil ministériel restreint.

Ayari a par ailleurs nié toute directive de la part du FMI, concernant la politique monétaire nationale, affirmant que des institutions financières nationales et internationales ont été consultées afin de pouvoir mettre en place un statut de la Banque Centrale qui répond aux besoins du pays.

Il a à ce titre rappelé que la Tunisie est un membre fondateur du FMI et que c’est son plein droit d’être assistée par cette institution, estimant que les réformes engagées par la Tunisie sont des réformes nécessaires qui ont beaucoup tardé à être mises en place et que le pays est en train de payer cher ce retard.

Au sujet des banques publiques, Ayari a relevé que des avancées réelles ont été réalisées en termes de budgétisation, de business plan et de gouvernance, et que les efforts se poursuivent pour résoudre toutes les problématiques.

Il a par ailleurs, fait savoir que les responsables de Paypal ont accepté la solution proposée par la BCT pour mettre en place cette technique en Tunisie.

Pour faire face au glissement du dinar, Ayari a précisé qu’entre la préservation des réserves en devises et la stabilité du prix de change, il choisit la première option étant donnée l’importance de ces réserves en termes de payement des importations, de couverture de la masse monétaire et d’assurance pour les investisseurs.

Au sujet des échanges commerciaux, il a estimé qu’ils devraient être rationalisés et que le déficit courant ne doit pas dépasser 8,4% à la fin de l’année 2017, soulignant qu’il fait agir concomitamment sur les importations et les exportations pour réduire le déficit commercial.

Concernant la polémique qui a eu lieu concernant l’augmentation de son salaire, il a fait savoir que son salaire n’a pas été relevé depuis le début de son mandat.