La “Tunisian Association for the Advancement of Science, Technology and Innovation (TAASTI)” en collaboration avec les Chaires UNESCO des Politiques ST&I et de Philosophie, organise une journée scientifique intitulée “la liberté académique“. Elle aura lieu le samedi 20 mai 2017 à la Cité des sciences à Tunis.

Le 22 avril 2017 a eu lieu dans le monde entier une marche internationale pour les sciences, destinée à célébrer leurs rôles déterminants dans la production du savoir et le développement de l’humanité, et rappeler l’importance de la démarche scientifique dans la lutte contre toutes les formes de démagogie, d’abus de pouvoir et d’obscurantisme.

En revanche, en Tunisie, le mois d’avril fut marqué par l’affaire de la thèse de doctorat déposée à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax, qui met en cause «d’une manière pseudo-scientifique», selon la commission d’enquête du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les principales théories admises par la communauté scientifique internationale depuis Galilée, Newton et Kepler dans le domaine de la physique et de l’astronomie.

Il nous semble désormais nécessaire de remettre en lumière la pertinence du concept de liberté académique et les problèmes qu’il pose. En effet, le directeur de ladite thèse justifiait son dépôt en revendiquant la liberté académique et l’accord de la communauté scientifique internationale.

L’affaire précitée révèle effectivement un paradoxe dans ce concept. La liberté académique, garantie par l’article 33 («Les libertés académiques et la liberté de la recherche scientifique sont garanties». de la nouvelle Constitution, est constamment revendiquée comme une réelle spécificité de l’Université. Cependant, le concept de liberté académique reste implicite, peu défini et analysé. L’Université ne prend pas la peine de définir cette notion et de la circonscrire en la liant à la fois à la méthode et au savoir scientifiques et à l’approbation de la communauté scientifique mondiale, en raison probablement de son évidence apparente.

Notre objectif, dans ce séminaire préliminaire, est de réexaminer le concept de liberté académique, d’analyser ses modes d’usage, son origine, ses limites et ses enjeux et de réfléchir aux modalités servant à sa promotion et à sa défense.

Mais peut-on, à partir d’une réflexion commune et d’un dialogue scientifique approfondi, problématiser la liberté académique en précisant sa définition et ses enjeux fondamentaux et donner sens à ce concept en tentant de dégager ses implications concrètes?

L’approche conceptuelle et analytique de cette problématique nous permet d’explorer des pistes pour, à la fois, définir le plus objectivement possible la liberté académique et pour en déterminer la responsabilité et l’engagement des individus ou des groupes par rapport à une institution comme l’université et/ou le ministère, par rapport au comité scientifique, et par rapport à la société elle-même.

Selon l’UNESCO (Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur -UNESCO, du 11 novembre 1997), «L’exercice des libertés académiques doit être garanti aux enseignants de l’enseignement supérieur, ce qui englobe:

– la liberté d’enseignement et de discussion en dehors de toute contrainte doctrinale,

– la liberté d’effectuer des recherches et d’en diffuser et publier les résultats,

– le droit d’exprimer librement leur opinion sur l’établissement ou le système au sein duquel ils travaillent,

– le droit de ne pas être soumis à la censure institutionnelle et celui de participer librement aux activités d’organisations professionnelles ou d’organisations académiques représentatives».

Trois axes constituent la trame de cette journée scientifique:

  • Liberté académique et avenir de l’université
  • Responsabilité et engagement des académiques
  • Communauté scientifique et approches de la vérité.