Réouverture de la ligne Tunis-Khartoum : Les conditions de sa viabilité

L’un des points positifs de la visite de travail du chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, au Soudan, c’est évidemment la réouverture ; dès septembre 2017, de la ligne aérienne Tunis-Khartoum, suspendue depuis 1989.

Toutefois, certains estiment déjà que cette ligne ne sera viable qu’à deux conditions. Primo, la suppression des visas dans les 2 sens ou la simplification de leur octroi. Il faudrait savoir qu’il est très difficile pour un homme d’affaires tunisien de se faire délivrer un visa pour le Soudan, qui exige une lettre d’invitation d’un organisme public ou reconnu. Ceci est cependant facile pour un homme d’affaires disposant déjà d’un courant d’affaires, mais pas pour un entrepreneur qui souhaite prospecter ou faire un voyage de découverte.

En outre, pour les voyageurs soudanais, il faudra ouvrir une ambassade de Tunisie à Khartoum pour pouvoir disposer d’un visa.

Il a également été démontré par le passé qu’aucune ligne aérienne sur l’Afrique n’a pu être rentable qu’en supprimant les visas. Ce fut le cas de la ligne Tunis-Ouaga au départ, avec délivrance du visa pour les burkinabé à Bamako au Mali, avant sa suppression suite à la visite de l’ancien président provisoire, Moncef Marzouki, dont il faut rendre hommage en ce sens qu’il est le seul chef d’Etat tunisien, depuis 2011, à avoir effectué une tournée africaine.

La deuxième condition, c’est qu’une ligne directe vers n’importe quel pays d’Afrique subsaharienne ne sera pas capable d’avoir un taux de remplissage dépassant 50%, ce qui risque de la rendre déficitaire. D’où la nécessite de faire une escale via un autre pays. Le Tchad serait le pays le plus indiqué dans la région, et ce d’autant plus qu’il se trouve sur l’axe aérien reliant Tunis à Khartoum.

Mais malgré tous les inconvénients qu’on vient de citer, on peut dire que, enfin, la Tunisie commence à bouger en direction de l’Afrique au sud du Sahara. Ceci étant, il faudra redoubler d’effort si on veut réussir. D’où l’impératif d’avoir une vraie politique africaine.