Vendredi 24 février 2017, aucun ministre tunisien n’était annoncé au Salon méditerranéen du bâtiment “MEDIBAT 2017“ dans sa 14ème édition. Mais comme par une baguette magique, lors de la conférence de presse organisée de la Chambre de commerce et d’industrie de Sfax, mardi 28 février, pour parler de l’état des préparatifs de cette édition, on nous a annoncé que trois de nos ministres seront présents au Salon, à savoir Mohamed Salah Arfaoui, ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, qui du reste en assurera l’ouverture officielle de la manifestation; Zied Laadhari, ministre de l’Industrie et du Commerce; et Imed Hammami, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi.

Sans doute il faut saluer cette décision du gouvernement d’envoyer à cette manifestation trois de ses membres, cependant, et loin de nous l’idée de négliger la valeur de ces ministres, nous insistons à dire que la présence du chef du gouvernement serait importante, et pour trois raisons principales.

La première est que le Salon MEDIBAT constitue la plus grande manifestation économique organisée en Tunisie. En effet, sauf erreur de notre part, aucune autre rencontre économique qui a lieu dans notre pays n’attire autant d’exposants et de décideurs (pas moins de 400 exposants, plusieurs centaines de rencontres B2B, plusieurs décideurs étrangers…).

Deuxièmement, le Salon MEDIBAT s’impose désormais comme le rendez-vous incontournable des décideurs publics, promoteurs et autres experts dans le domaine de la construction, du bâtiment des travaux publics en Afrique. Ce qui explique la présence à Sfax, à chaque édition, de plusieurs ministres d’Afrique subsaharienne pour exposer leurs projets d’infrastructures dans leurs pays respectifs, et ceux en présence de bailleurs de fonds internationaux.

Troisièmement, on se rappelle que Youssef Chahed, le chef du gouvernement, devait se rendre en visite officielle dans certains pays au sud du continent, il y a de cela quelques semaines, visite annulée à la dernière minute pour manque de préparation. Alors, la présence de 5 ministres africains –voire plus- à MEDIBAT ne constitue-t-elle pas une occasion de rencontrer ces ministres en vue de sa prochaine visite en Afrique?

Les temps sont durs, la Tunisie a besoin de davantage de visibilité, l’Afrique présente de réelles opportunités pour les entreprises tunisiennes (privées et publiques). Mais nous Tunisiens nous devons faire preuve de doigté, de responsabilité et de respect envers nos voisins Africains, car ces derniers ont désormais les yeux ouverts, confortés qu’ils sont à la convoitise dont ils font l’objet de toutes les puissances économiques émergentes, au rang desquelles la Chine, le Brésil et la Turquie.

Sans oublier bien évidemment le Maroc qui est en passe de conquérir le cœur des Africains. Pour s’en rendre compte de cette réalité, il suffit de voir les discussions sur la réadmission du Royaume chérifien à l’Union Africaine lors du dernier sommet de l’Union. On y a vu plusieurs chefs d’Etat africains défendre ce retour du Maroc plus que les Marocains eux-mêmes.

Ceci pour dire que la Tunisie a besoin d’un tel capital-sympathie pour percer dans les marchés africains. Or aujourd’hui, à l’exception de la CCI de Sfax, on ne voit pas réellement d’autres initiatives tunisiennes jouir d’un capital semblable en Afrique subsaharienne. Bien sûr que, comme dans d’autres endroits, en Afrique on fait semblant, mais quand on creuse, on constate que la réalité est différente.