Et rebelote ! La classification des Frères musulmans en tant qu’organisation terroriste revient de nouveau sur le tapis du Sénat américain. Et si Ted Cruz n’est pas aussi bon golfeur que nombre de ses confrères sénateurs, il risque fort cette fois-ci de mettre la confrérie musulmane au trou ou peut-être bien de donner le coup fatal qui creusera son trou, la classant définitivement dans la liste des groupes terroristes.

C’est mardi 10 janvier 2017 que le sénateur, pour la deuxième fois consécutive -ayant déjà effectué la même démarche en 2015-, a introduit avec Michael McCall -texan lui-même et d’autres sénateurs du Texas- une demande au secrétaire d’État aux Affaires étrangères l’appelant à adopter un projet de loi classant le CGRI (Corps des Gardiens de la Révolution Iranienne) ainsi que la confrérie des frères musulmans en tant que groupes considérés par Washington comme terroristes.

Cruz a demandé au secrétaire d’État d’envoyer dans les 30 jours qui suivront l’adoption de ce projet un rapport complet et non classifié au Congrès ou de présenter des arguments détaillés si le projet est rejeté.

Nous sommes loin du discours prononcé par un Obama «illuminé» au Caire en juin 2009 qui pensait que dialoguer avec les islamistes «modérés» (sic) pouvait permettre au monde de se prémunir contre les islamistes extrémistes! Comme si la différence existait! Islamistes créés dans les think tank américains pour faire chuter l’Union soviétique et créer un monde unipolaire où la globalisation pouvait faire rage!

Contrairement à beaucoup d’autres, Noam Chomsky, le fameux linguiste et chercheur américain, n’a pas été berné par ce discours. Pour lui, Obama «s’inscrivait dans la continuité de la politique menée par ses prédécesseurs dans le conflit israélo-palestinien en continuant d’apporter un soutien quasi total à Israël. Chomsky avait souligné qu’Obama utilisait le style bien rodé de la «page blanche» («blank slate»), qui consiste à «ne pas dire grand-chose sur le fond, mais en le faisant d’une manière si séduisante qu’elle permettait à ceux qui l’écoutent de lire sur la page ce qu’ils veulent entendre».

Il avait bien raison, le discours “Obamien“ où le Coran a été cité à plusieurs reprises avait berné les populations arabes, préparé aux printemps hivernaux arabes, aidé à l’instauration de régimes islamistes dans nombre de pays les fragilisant, et détruisant leurs institutions, préparé les guerres fratricides en Libye et en Syrie dans la continuité de la guerre civile en Irak, créé Daech, comme affirmé par le nouvel élu à la Maison Blanche, Donald Trump, et renforcé Israël.

Aujourd’hui, et même si tout le monde s’accorde à dire que le soutien américain à Israël ne sera jamais remis en cause, la cause islamiste ne trouvera, semble-t-il, plus d’aussi fervents défenseurs que ceux qu’elle avait auprès des centres de décision au Congress ou à la Maison Blanche.

Walid Phares, conseiller en politique étrangère du président élu, a déclaré à maintes reprises que «Donald Trump œuvrera à l’adoption de la loi désignant les Frères musulmans comme organisation terroriste et a indiqué que le projet de loi Cruz, qui a déjà reçu l’approbation du Comité Judiciaire de la Chambre plus tôt cette année, puis renvoyé au Comité des Affaires étrangères du Sénat, avait été suspendu en raison du soutien de l’administration Obama à la Confrérie».

Obama a quitté le théâtre politique américain et avec lui, peut-être bien, la confrérie ainsi que Daech, le bras armé violent. Pour Cruz, réputé islamophobe, ainsi que pour une grande partie de l’establishment politique américain, on doit «cesser de prétendre que les Frères musulmans ne sont pas responsables du terrorisme qu’ils préconisent et financent… Nous devons les voir pour ce qu’ils sont: une organisation internationale vouée au jihad violent».

Walid Fares estime, pour sa part, que «le projet de loi est une occasion sans précédent d’éduquer les membres du Congrès sur l’implication des Frères musulmans dans le terrorisme. Il récapitule l’histoire terroriste de la Confrérie et rappelle qu’elle est interdite par les gouvernements de l’Égypte, de la Russie, des Emirats Arabes Unis, de l’Arabie Saoudite, du Bahreïn et de la Syrie. L’Egypte a publié des vidéos montrant la participation de la Confrérie dans le terrorisme, et le site Web du gouvernement égyptien met en garde contre le lobby de la Confrérie aux Etats-Unis. Le projet de loi décrit également les liens unissant la Confrérie au Caire à l’Islamic Society of North America (ISNA) et au North American Islamic Trust (NAIT)».

Malgré toutes ses dénégations et son insistance sur le fait qu’elle n’a aucun lien avec la confrérie islamiste ou les Frères musulmans, Ennahdha ne semble pas avoir été épargnée par le sénateur Cruz et serait nommément citée sur la page 11 du projet de loi.

Décidément le chiffre 11 ne lui sied pas beaucoup!

C’est en octobre 2014 qu’elle a perdu les élections législatives suivies ensuite de la victoire à la présidentielle d’un candidat qu’elle n’a pas choisi mais qui a choisi d’être avec elle dans le consensus plutôt que dans la guerre des idées et la violence des pratiques.

Amel Belhadj Ali