kamel-habbachi_attijaribankL’événement Tunisia 2020 est pour Kamel HABBACHI, responsable Banque de Financement du Groupe Attijari bank, l’occasion d’émettre un message fort en direction du monde entier que la Tunisie est un pays qui travaille, laborieuse et inventive, et que c’est elle qui va l’emporter, si on l’appuie.

Webmanagercenter : Comment évaluez-vous la portée de la conférence Tunisie 2020?

Kamel Habbachi: Un événement de cette ampleur et de cette importance arrive à un moment opportun. Je pense profondément qu’il va faire repartir l’investissement, principal moteur de la croissance, autant national qu’international.

Les organisateurs ont vu grand, ont ratissé large et ont présenté des projets intéressants. Les plus grandes enseignes bancaires seront présentes et les plus grands bailleurs de fonds seront de la partie. Le tour de table est impressionnant.

A Attijari, nous l’observons sous un double objectif. D’une part, on croit qu’il va émettre un message fort en direction du monde entier que la Tunisie est un pays qui travaille, laborieuse et inventive, et que c’est elle qui va l’emporter, si on l’appuie. Je vous fais le pari que ce message sera parfaitement perçu des investisseurs locaux, régionaux et internationaux.

D’autre part, il va montrer qu’il existe de belles opportunités à saisir. La palette des projets présentés couvre les principaux secteurs d’activité, soit l’industrie, l’infrastructure, de même que l’énergie et les services. Ajouter que de par leur taille il s’agit de projets structurants adossés à une offre de financement des plus variés allant de l’investissement direct public ou privé au PPP avec de larges possibilités de “Project  finance“ où l’ingénierie financière joue un grand rôle. C’est un événement proprement historique et nous croyons à ses chances de succès.

Cependant, il faut savoir gérer l’après-événement, en assurant la prise en mains des deals qui seront conclus lors de la Conférence.

La situation politico-sociale connaît quelques turbulences. Et c’est contrariant. Quel sera leur impact sur l’image de marque du pays, en cette circonstance précise?

Je suis fondé à relativiser ces éléments de contrariété. Il est vrai que de tels éléments peuvent confiner à l’attentisme et laisser les investisseurs en stand by. C’est probablement l’attitude qui a prévalu jusqu’à présent. Tunisie 2020 vient bousculer ce comportement pour plaider en faveur d’une mobilisation de nature à diffuser une énergie positive dans le champ entrepreneurial. Et je pense qu’il donnera un grand coup d’accélérateur.

C’est un événement proprement historique et nous croyons à ses chances de succès.

Il faut bien se dire que c’est le propre de toutes les démocraties de vivre avec des ingrédients de turbulence politico-sociale. La conférence pourra induire une dynamique du mouvement et de progrès. Et je crois que l’image de la Tunisie sera positivement impactée par cette motivation véhiculée par la Conférence.

Un événement de cette ampleur et de cette importance arrive à un moment opportun. Je pense profondément qu’il va faire repartir l’investissement, principal moteur de la croissance, autant national qu’international.

Attijari est parmi les sponsors de la Conférence. D’une certaine façon, vous pariez sur le renouveau économique de la Tunisie?

Sponsoriser Tunisie 2020 est une conséquence de notre responsabilité. Attijari est consciente de sa qualité d’opérateur ancré à son environnement national. Outre cela, cet événement se situe dans notre champ professionnel. D’ailleurs, la brochure que nous distribuons précise bien qu’Attijari bank est la banque des grands projets.

Attijari offre son expérience et son expertise en matière de financement, de pilotage et de structuration des grands projets. Nous sommes en ligne avec notre responsabilité sociétale et tout à fait en harmonie avec notre vocation professionnelle.

Comment se présente votre offre de financement?

Il y aura non seulement du financement mais également de l’accompagnement. Il s’agit d’une offre globale. Elle est amplement justifiée par le standing du groupe Attijari. Les grands projets nécessitent une prise en mains particulière. Ils font appel, en amont, au conseil à l’accompagnement, au wording (documentation juridique, économique, fiscale). Puis cela se prolonge par la structuration du financement, la syndication du crédit. Et, elle se prolonge par la gestion de la dette après déblocage.

C’est complexe et notre expertise nous habilite à la dispenser en full process. Alors outre cet aspect d’ingénierie il y a notre répondant en capacité de financement. Notre offre de financement est étendue car elle s’adosse à notre capacité intrinsèque en termes de fonds propres et c’est bien ce qui nous démarque de la concurrence, mais aussi à notre capacité de syndication en local ou à l’international via le réseau de notre groupe, Attijariwafa Bank.

sous réserve que le profilage du projet soit correctement assuré, nous pouvons aligner des offres d’arrangement de 1 à 1,5 milliard de dinars tunisiens, aisément et avec des conditions hautement concurrentielles.

Focalisez-vous sur des projets précis? Et puis, que seront donc les moyens financiers que vous proposerez?

Nous pouvons intervenir dans tous les domaines avec la même efficacité du fait d’une large expérience. La croissance de nos engagements dans les grands projets est à deux chiffres. A titre d’exemple, en Tunisie, en 2016 nous sommes intervenus dans trois projets significatifs avec des tickets substantiels. Nous avons arrangé un deal pour un opérateur téléphonique à hauteur de 250 millions de dinars tunisiens. Pareil avec le transport pour un ticket de 180 millions de dinars tunisiens; et une participation significative pour le financement d’une centrale électrique.

Nous arrivons à la conférence avec notre savoir-faire d’arrangeur de financement joint à notre capacité à lever de la dette nationale ou internationale. Par conséquent, sous réserve que le profilage du projet soit correctement assuré, nous pouvons aligner des offres d’arrangement de 1 à 1,5 milliard de dinars tunisiens, aisément et avec des conditions hautement concurrentielles.

Les grands projets viendront accélérer le potentiel de développement car ils sont générateurs d’une dynamique d’intégration

A l’international, vous pourrez faire participer votre partenaire Santander?

Nous pouvons mobiliser via le Groupe Attijari Wafa Bank ainsi que notre partenariat privilégié avec Santander, l’un des premiers groupes bancaires du monde. Par ailleurs, nous avons tissé des partenariats sur les divers continents avec des banques de premier ordre.

La Tunisie ira-t-elle vers son nouveau modèle économique grâce à la Conférence?

On peut en effet tabler sur un basculement de cette nature. Les grands projets viendront accélérer le potentiel de développement car ils sont générateurs d’une dynamique d’intégration. Ils diffusent leur résonance dans le tissu économique. Et je considère que les projets proposés ont été ciblés de sorte à susciter cet essor d’intégration.

Le train des réformes répond-il aux attentes des investisseurs?

Quoiqu’il en soit, la dynamique des réformes doit se prolonger. “Don’t stop reform“, disent en chœur les investisseurs internationaux -BM et FMI compris. La Tunisie a procédé à un lot préalable de réformes depuis 15 mois. Je cite le Code des investissements, la loi bancaire, la loi sur la concurrence, et cela va continuer. Le changement est toujours porteur de valeur ajoutée.

Comment redonner du tonus au secteur exportateur, qui sera le principal moteur de la reprise?

On ne va pas découvrir l’export. La Tunisie a toujours eu un secteur exportateur développé depuis 1972. Il existe des entreprises privées qui sont nées exportatrices, notamment dans le textile et les IME. Je pense toutefois que le secteur exportateur doit faire sa mutation et renouer avec les bonnes pratiques pour retrouver son punch d’avant.

Le secteur exportateur est en stand by, comment le doper?

Il y a des dispositifs qu’il faut réactiver et cela relève de notre responsabilité à tous. La Conférence pourra appuyer ce message et je pense que la Tunisie est en mesure de tripler ses exportations au regard de son potentiel dans les IME et les IT, principalement.

Dans quelles directions il faut développer les exportations?

Inévitablement en direction de l’UE, laquelle renoue avec la croissance, à présent. Et l’heure est venue pour s’arrimer à l’Afrique, nouvel eldorado de la croissance de demain.

Nous avons accompagné divers groupes tunisiens sur diverses destinations du continent et ils ont pu découvrir de visu son potentiel économique. La Tunisie doit développer ses parts de marché sur ce marché, pour nous “naturel“. Notre effort de redéploiement doit se manifester au concret et au plus vite.

Malgré les efforts, l’export ne suit pas et parfois même ça régresse.

Il faut réactiver les process et puis changer d’option. Il existe une alternative de délocalisation pour nous et il convient de l’exploiter. Si un constructeur auto ne vient pas en Tunisie, son fournisseur tunisien peut faire le chemin inverse et l’accompagner à l’international. Il ne faut pas résister à l’appel du large. C’est d’ailleurs l’un des enseignements de la mondialisation.

Quelles retombées de la Conférence sur l’intégration économique au Maghreb?

Nous sommes tous pénalisés par le coût du non Maghreb, qu’on évalue à 2% de croissance et plusieurs milliers d’emplois. La Conférence doit, à mon sens, favoriser le développement des échanges intra maghrébins malgré les foyers de tension et d’instabilité. Chaque événement, telle la Conférence Tunisia 2020, apportera son lot de convictions en faveur du Maghreb, et cela fera avancer la cause économique maghrébine.

La conférence c’est le grand business. Fera-t-elle une place à l’économie sociale et solidaire pour aider à lutter contre les disparités en tous genres?

Il est entendu que la Conférence privilégie le grand business. N’oublions pas que, dans ce sillage, il y aura plus d’opportunités pour le microcrédit et autant de fenêtres à ouvrir sur l’économie sociale et solidaire. Toutes ces formes doivent travailler en bonne intelligence.

En conclusion, considérez-vous que le pays aura le répondant nécessaire pour faire de la Conférence l’occasion d’une relance durable?

Nous avons un secteur privé impressionnant qui a gagné en maturité. Des groupes privés, dont Attijari, n’ont pas arrêté d’investir envers et contre tout, et cela par sentiment de responsabilité. La conférence vient appuyer leurs efforts en donnant le strike tant attendu.

Propos recueillis par Ali abdessalem