Tunisie – Société : Ces favélas ignorés par les pouvoirs publics mais soutenus par l’Association Houmet Al Joumhouria

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Il suffit de peu pour faire énormément de bien autour de soi. Si l’on en croyait le nombre d’associations caritatives financées à coup de millions de dinars, on serait tenté de dire que dans toutes les cités désœuvrées de la Tunisie, il y a des acteurs de la société civile qui soulagent les populations de leur misère par des petites actions. Tout ne tourne pas forcément autour de l’argent, une aide logistique, un soutien moral, une présence, une reconnaissance suffisent à transporter des êtres perdus d’une condition de frustration et de souffrance à une autre: celle de la solidarité et de l’amour des autres. 

Mehrez Ben Fraj est un chauffeur de taxi à Mellassine, il n’est ni un sur-diplômé ni richissime et encore moins un opposant ou un militant politique. Il a lancé l’expérience du Tournoi de football pour sauver les enfants de ces cités oubliées du monde “civilisé, humain” du désœuvrement. A lui seul, il ne pouvait continuer indéfiniment en comptant sur ses propres moyens limités malgré tous ses efforts. 

Les portes se sont ouvertes grâce à l’Association “Houmet Al Joumhouria” qui a trouvé des partenaires solides en Slim Gahbiche -représentant de la marque sportive Errea-, Marouene Guezmir -responsable de Ooredoo Academy-, et Mohamed Ben Cheikh -DG d’Orbit Travel.

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Houmet Al Joumhouria a encadré cette action pour la mener au mieux, et la finale du tournoi de football entre cités populaires ceinturant le Grand Tunis a eu lieu dimanche 3 juillet au terrain de Ooredoo sis au Lac I. Le transport des finalistes a été assuré par l’Agence Orbit Travel. Les deux équipes finalistes (Mellassine et Hay hlel) dont la moyenne d’âge est de 12 ans, ont offert aux présents un beau spectacle tant ils maîtrisaient le jeu! (Voir photos et vidéos).

Une spectatrice s’est même exclamée “Ces gosses jouent mieux que l’équipe nationale” tant leur jeu footballistique rappelait celui des enfants des favélas de l’Amérique latine. Là où on recrute les meilleurs footballeurs du monde.

Coupe et médailles ont récompensé l’équipe gagnante, en l’occurrence celle de Hay Hlel.

Dommage que les dirigeants des grandes équipes n’aient pas la curiosité d’aller dénicher de jeunes talents dans les terrains boueux des cités pauvres du Grand Tunis! Aujourd’hui, dans nos contrées, même l’art de pratiquer un sport aussi beau que le football est devenu une affaire d’argent ou de relations. C’est ce qui explique, du reste, sa débandade en Tunisie.

Ce qui est toutefois sûr c’est que désormais “Houmet Al Joumhouria” et ses partenaires remplaceront par “Koura fi Kol Houma” les seringues des toxicomanes qui couvrent les rues et ruelles de Mellassine, Hay Helal, Kabbaria et autres cités laissées pour compte.

A la proposition de l’Académie Ooredoo de distribuer les tenues sportives dans les écoles des lieux cités plus haut, Néji Jalloul a donné son accord. Quant à Houmet Al Joumhouria,  l’association continuera à assurer le suivi et le plaidoyer pour pareilles actions veillera à la pérennisation de ce tournoi annuel et à l’amélioration des conditions de son organisation. 

Ceci, tout en rappelant la promesse de Nomane Fehri, ministre des TIC, d’offrir 8 tablettes dont le montant ne dépasse pas les 1.500 DT à l’équipe gagnante cette année pour que les hautes technologies profitent également aux moins nantis! 

Pour info, la concrétisation de cette action n’a pas exigé des fonds venus de l’étranger et n’a pas sollicité une aide financière de l’Etat.

Les membres de Houmet Al Joumhouria ont compté sur leurs propres moyens, du reste très modestes, pour la réussir. Elles l’ont également mené avec beaucoup d’amour pour les enfants des cités oubliées.  

Elles l’ont fait pour que le ministre de la Jeunesse et des Sports se réveille et active le redémarrage d’un complexe sportif dont les fonds ont été alloués et qui reste en plan à cause d’un monsieur insensible à la douleur de parents qui voient leurs enfants mis sur les bancs de la société. Des enfants qui méritent de bénéficier des mêmes conditions de vie que leurs pairs et de commodités basiques telles une maison de culture ou un complexe sportif respectable. 

Aux sourds, aveugles et muets qui président à nos destinées, le salut de ceux et celles qui prient pour que les hésitants, les lâches, les inefficaces, les irresponsables, les insensibles disparaissent des cieux de la Tunisie!