Des Britanniques participent au défi mondial de vivre avec une livre par jour

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à Londres (Photo : Andrew Cowie)

[01/05/2013 09:54:29] LONDRES (AFP) Kathy Trevelyan regarde son assiette avec peu d’entrain. Cette guide touristique londonienne de 58 ans a relevé le défi, comme 20.000 autres personnes, de se nourrir en ne dépensant pas plus d’une livre (1,18 euro) par jour, dans le cadre d’une campagne caritative.

“Normalement, avec un oignon frit, de l’ail et des épices, c’est assez bon”, dit-elle en parlant de son assiette de riz blanc parsemé de cube de légumes.

“Mais comme ça, c’est juste…. ennuyeux. Mais ça vaut le coup”.

Ce défi, Kathy le relève depuis lundi et pour cinq jours, dans le cadre de la campagne Malaria No More (Plus de malaria) pour laquelle elle espère récolter 500 livres auprès de sponsors sensibilisés à sa démarche.

L’idée est de collecter des fonds pour les oeuvres de charité qui s’occupent des plus pauvres et d’attirer l’attention sur le milliard de personnes vivant dans le monde, y compris en Grande-Bretagne, en extrême pauvreté. C’est-à-dire avec moins d’un dollar et demi par jour et par personne pour se nourrir.

Avant de commencer ce “régime” particulier lundi, Tervelyan qui est également actrice et habite à Walthamstow, dans le nord-est de Londres, a minutieusement planifié les repas de la semaine en comparant les prix.

Sa liste de courses comprend un demi paquet de pain de mie et six oeufs pour les petits déjeuners, du riz blanc et un sachet de légumes congelés pour les déjeuners et pour les diners, un pot de sauce curry à 26 pence, pour relever le riz et les légumes.

S’ajoutent à cela un paquet de spaghetti et des saucisses végétariennes en promotion. Elle a même poussé le luxe jusqu’à s’offrir un régime de bananes, le seul produit frais de ses commissions.

Pour le sacro-saint thé, si elle a pu s’acheter les sachets, elle devra le boire noir parce qu’elle ne peut s’offrir le nuage de lait tellement apprécié par les Britanniques.

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une livre (Photo : Ben Stansall)

“Pour cinq livres, vous pouvez fournir une moustiquaire qui sauvera la vie de deux enfants. Du coup, je pense à ça”, a-t-elle confié tout en reconnaissant que son régime à une livre “n’a rien à voir avec ce avec quoi un milliard de personnes vivent. C’est beaucoup mieux”.

Le défi a débuté en Australie en 2009 avant de gagner le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada et la Nouvelle-Zélande.

Les acteurs australien Hugh Jackman et américain Ben Affleck ont apporté leur soutien au projet qui compte engranger 5 millions de dollars cette année.

Mais ce genre de défis est souvent critiqué, du fait les privilégiés qui s’y soumettent savent pertinemment qu’ils pourront retrouver leur café à 2.75 livres (3,27 euros) chez Starbuck et leur viande bio après cinq jours d’efforts.

“Nous ne saurons jamais vraiment ce que c’est que de vivre dans l’extrême pauvreté, nous ne nous leurrons pas”, a concédé Hugh Evans, à la tête du Global Poverty Project qui a lancé ce défi.

Mais à ce régime, au bout de cinq jours, vous réalisez ce que c’est que “de ne pas ingérer assez de calories, donc vous éprouvez ce qu’est la faim, vous la ressentez pour la première fois”, a-t-il fait valoir, disant s’être évanoui l’année dernière en participant au défi.

Jack Monroe, une mère célibataire de 25 ans de Southend, dans l’est de Londres, a quant à elle touché le fond l’année dernière quand elle a perdu son emploi tout en devant subvenir aux besoins de son fils Johnny, aujourd’hui âgé de 3 ans.

Elle a vendu télévision, vêtements et livres pour payer son loyer et s’est fréquemment retrouvée à vivre avec son fils avec une livre par jour.

Retombée sur ses pieds, elle participe cette année au défi pour récolter de l’argent pour Oxfam.

“Beaucoup de ceux qui relèvent le défi le feront en vivant dans leur maison confortable et ne souffriront que pendant cinq jours”.

“Mais je ne jetterai jamais la pierre à ceux qui collectent de l’argent pour les oeuvres de charité. Le simple fait que les gens en parlent et y pensent est partie intégrante du défi: faire prendre conscience”.