Tunisie, Ennahdha, Médias, UGTT, Chariaa : Ghannouchi n’est pas candidat à la présidence du parti!

ennahdha-230212.jpgLe parti Ennahdha voulait-il s’auto-justifier par cette conférence de presse organisée, ce 23 février 2012? C’est ce qui ressort de cette conférence qui n’a, en fin de compte, rien apporté de nouveau, à part la présentation de la nouvelle composition du bureau exécutif du parti et quelques clarifications de Rached Ghannouchi sur certaines questions d’ordre politique, social et diplomatique.

Le nouveau bureau exécutif d’Ennahdha nous a été présenté dans le dossier de
presse qui comprenait également les curriculum vitae de chaque membre, englobant
entre autres le nombre d’années passées en prison.

M. Ghannouchi a indiqué qu’il a pris la décision de ne pas se présenter comme candidat à la présidence du parti, au cours du prochain congrès prévu au mois de juillet 2012, affirmant néanmoins que c’est le congrès qui en décidera.

UGTT…

La conférence de presse était aussi une occasion pour apporter quelques éclaircissements sur le face à face déclaré entre l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens et Ennahdha, suite à la grève observée par les agents municipaux depuis le 20 courant et qui se termine aujourd’hui.

Rached Ghannouchi signale que l’UGTT est un partenaire dans la construction du pays et dans la réalisation des objectifs de la révolution. Il a nié toutes les accusations à l’encontre du parti, indiquant qu’elles ne sont basées sur aucune preuve tangible et que c’est le rôle de la justice de les étudier. «Nous sommes des suspects jusqu’à ce que notre innocence soit prouvée», lance-t-il en ajoutant qu’”il y a des parties qui veulent pousser à la confrontation entre Ennahdha et l’UGTT et entre le gouvernement et l’UGTT.
Ceci va à l’encontre des intérêts du pays alors que nous avons plus que jamais
besoin de la solidarité nationale».

Médias…

Concernant le procès du directeur du journal Attounissia, il a affirmé que le parti n’avait aucun rôle dans son arrestation, ajoutant que la liberté d’expression est un droit absolu pour les journalistes. «La justice est la seule habilitée à dire son mot sur cette affaire. Nous avons déjà publié un communiqué dans lequel on a dénoncé la violence à l’égard des journaliste», souligne-t-il.

Mais qu’en est-il de la position du parti quant à la réforme du secteur médiatique, surtout après les critiques émanant des membres du gouvernement, essentiellement ceux d’Ennahdha? La dernière en date, celle d’Ali Laârayedh, ministre de l’Intérieur, qui accuse les médias de perturber le secteur touristique et d’entraver l’attraction des investissements étrangers. «Est-ce que ça veut dire qu’il y aurait des lignes rouges qu’il faut respecter au-delà de la déontologie journalistique?», s’interroge un journaliste.

M. Ghannouchi indique que la seule revendication à l’égard des médias est l’objectivité. Une objectivité qu’il estime, néanmoins, relative faute d’une objectivité absolue. «Nous ne voulons pas des médias partisans ou des médias satiriques non plus. Nous voulons des médias objectifs», lance-t-il.

Chariâa…

Quant à la position d’Ennahdha à l’égard des groupes salafistes, le leader du mouvement islamiste affirme que la seule voie possible est le dialogue. Une voie qui est d’ailleurs adoptée avec tous les autres groupes ou tendances. Il indique que la violence pratiquée par certains salafistes est la résultante d’un vide religieux dans le pays qui a subsisté durant des décennies. Et les prédicateurs invités viennent, selon lui, combler ce vide. Il ajoute que cette violence est aussi provoquée par ce qu’il appelle «l’extrémisme laïc», tendant à «criminaliser la religion».

Pour ce qui est du débat sur l’application de la Chariâa comme un article dans la nouvelle Constitution, M. Ghannouchi a affirmé qu’Ennahdha discute encore cette question et qu’elle n’a pas pris une position finale, bien que plusieurs membres de l’Assemblée Constituante, représentant le parti, ont déclaré avec fermeté cette intention du parti, parmi lesquels Habib Khedher. D’ailleurs, il précise que plusieurs versions de la Constitution sont discutées au sein du parti et qu’aucune version officielle n’a été délibérée jusqu’ici.

Arabie Saoudite…

En ce qui concerne l’extradition du président déchu, il a insisté sur le fait que la Tunisie n’a pas négligé ce dossier. «Il a été discuté avec les responsables saoudiens, qui ont revendiqué leur droit à l’accueillir. Mais ceci ne doit pas impacter nos relations avec l’Arabie Saoudite ou avec le Qatar qui accueille Sakher El Materi ou le Canada qui accueille Belhassen Trabelsi», dit-t-il.

Au sujet du congrès des amis de la Syrie, il a expliqué qu’il a été décidé suite à l’initiative tunisienne, avec la condition de ne pas prendre une décision permettant l’intervention militaire étrangère en Syrie. «Nous voulons présenter un soutien politique au peuple syrien». Il est attendu que plusieurs pays arabes prennent part à ce congrès, rehaussé par la Ligue arabe. La Russie a déjà décliné l’invitation des autorités tunisiennes.

A noter enfin que, au vu de ce que nous avons constaté, tout laisse à penser que c’est la chaîne Al Jazeera qui assurait toute la logistique de cette conférence de presse du Mouvement Ennahdha. De là à dire que les liens entre Ennhadha et le Qatar -par Al Jazeera interposée-, sont plus solides que jamais, il y a un pas que d’autres ont déjà franchi.

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