L’ex-PDG d’Olympus et ses deux complices arrêtés pour maquillage comptable

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érence de presse à Tokyo, le 14 octobre 2011 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[16/02/2012 07:28:04] TOKYO (AFP) L’ex-PDG d’Olympus Tsuyoshi Kikukawa et ses deux principaux complices ont été arrêtés à Tokyo pour leur rôle présumé dans la dissimulation d’une perte de plus d’un milliard d’euros, nouvelle étape d’un retentissant scandale qui a entâché la réputation du groupe d’appareils photo.

M. Kikukawa, 70 ans, est soupçonné d’avoir supervisé un maquillage de comptes effectué par son bras-droit, Hisashi Mori, 54 ans, et par l’ancien contrôleur de gestion Hideo Yamada, 67 ans.

Quatre autres personnes ont été arrêtées jeudi dans le cadre de cette affaire, a précisé le bureau du procureur de Tokyo, dont l’ancien chef d’une maison de courtage et trois responsables d’un fonds d’investissement.

Il s’agit des premières interpellations opérées en lien avec ce scandale déclenché à la mi-octobre par les révélations d’un autre ancien PDG, le Britannique Michael Woodford, limogé en octobre pour avoir exigé des explications sur des opérations obscures.

D’après des rapports commandés par Olympus, les malversations ont caché un passif de 134,8 milliards de yens (1,35 milliard d’euros au cours actuel), résultant d’investissements financiers effectués dans les années 1980 et qui ont viré au fiasco.

Ces manipulations ont débuté à la fin des années 90 et se sont poursuivies jusqu’à récemment, a reconnu la direction du groupe dernièrement.

Les trois anciens dirigeants d’Olympus ont avoué leur implication devant les enquêteurs, a affirmé la chaîne de télévision TV Asahi.

Au total, pas moins de 19 anciens ou actuels administrateurs ont été désignés comme complices ou au moins au courant de ces manipulations par une enquête interne d’Olympus. Parmi eux figure l’actuel PDG, Shuichi Takayama, à qui la firme reproche d’avoir manqué à son devoir de vigilance.

Selon cet exposé d’avocats mandatés par le groupe, les manoeuvres comptables auraient coûté 85,9 milliards de yens (860 millions d’euros) à la société, en frais divers.

L’entreprise, également connue pour ses endoscopes, réclame un total de 3,6 milliards de yens (36 millions d’euros) de dommages et intérêts aux 19 personnalités désignées.

Nouvelle direction attendue

A l’issue d’une enquête distincte, la Bourse de Tokyo (TSE) a permis à l’action Olympus de rester cotée malgré ces dissimulations, moyennant le versement d’une amende symbolique de 10 millions de yens (100.000 euros), arguant que “la confiance des investisseurs dans le TSE avait été endommagée”.

Des investigations sont aussi en cours aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne sur des ramifications étrangères.

Les irrégularités avaient été rendues publiques par M. Woodford, premier non-Japonais à avoir dirigé cette entreprise nonagénaire. Renvoyé, il avait révélé l’affaire à la presse, entraînant un énorme scandale qui a fait plonger de moitié la valeur du titre Olympus en Bourse.

M. Woodford avait ensuite annoncé son intention de renverser l’actuelle direction du groupe, mais il a jeté l’éponge début janvier, citant un manque de soutien des grandes banques détenant des parts.

L’actuelle direction s’est toutefois engagée à passer la main fin avril lors d’une assemblée assemblée générale extraordinaire des actionnaires, pour permettre à l’entreprise de rebondir après cette affaire qui a nui à sa réputation et entaché l’image des firmes nippones en général.

A court d’argent, la société envisage d’augmenter son capital. Des géants nippons comme Sony, Panasonic ou Fujifilm semblent intéressés, d’après la presse, la qualité des produits et technologies Olympus restant reconnue.