Tunisie – Nouvelles radios privées : En attendant Godot!

 

radio-fm-1.jpgUn séminaire a été organisé, à Tunis, les 19, 20 et 21 décembre 2011, pour aider les nouvelles radios privées de la bande FM, autorisées en juin 2011, à entamer une réflexion approfondie pour mieux saisir les tenants et les aboutissants d’un projet de radio. Mais les projets au nombre de 12 ont des difficultés à démarrer. Et les conventions précisant leurs droits et devoirs n’ont pas encore été établies.

Créer une radio FM: savoir ce que l’on veut et pour qui? L’information radio: comment la rendre proche des citoyens? Comment diriger et animer l’équipe d’une jeune station? C’est à ces trois grandes questions qu’un séminaire, organisé par le CAPJC (Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs), l’INRIC (Instance nationale de réforme de l’information et de la communication) et RFI (Radio France Internationale), les 19, 20 et 21 décembre 2011, a tenté de répondre.

Le séminaire, destiné aux promoteurs des radios privées, au nombre de 12, qui ont été autorisées le 29 juin 2011 à émettre, s’est voulu un moment de profonde réflexion pour mieux saisir les tenants et les aboutissants d’un projet de radio.

Il a essayé aux travers des séances plénières et ateliers animés par des consultants qui se recrutent pour l’essentiel dans les rangs de deux radios françaises, RFI et de Monte Carlo Doualiya (en langue arabe), de mieux faire saisir à la vingtaine de participants à cette rencontre des aspects aussi différents que ceux relatifs à la formulation des objectifs organisationnels et sectoriels d’une radio ou encore au développement d’une information crédible et de proximité en passant par la définition d’une ligne éditoriale ou d’un plan marketing en vue de mieux fidéliser la clientèle.

Au niveau des «balbutiements»

Ce séminaire semble arriver au bon moment. En effet, sur les 12 radios autorisées, 2 seulement ont commencé à émettre. Il s’agit de Radio 6 et la Radio Oxygène. La première est installée à Tunis, la seconde à Menzel Bourguiba (gouvernorat de Bizerte).

Pourquoi? De nombreuses explications sont données par les promoteurs, dont certains semblent un peu plus avancés que d’autres. Ainsi, si certains sont au niveau des essais, d’autres ne sont qu’au niveau des «balbutiements», à en croire une source proche du dossier de ces radios.

Certains invoquent les frais «exorbitants» exigés pour la télédiffusion -comprenez l’ONT (Office national de télédiffusion), qui demande à être payé rubis sur l’ongle-, d’autres évoquent la cherté du matériel à acquérir, d’autres encore sont à court de «frais de fonctionnement» qui vont leur permettre de pouvoir résister pendant un certain temps (4 à 5 mois), le temps de pouvoir gagner de l’argent, ou sont en train d’établir des contrats publicitaires pour pouvoir démarrer du bon pied.

En deçà des attentes du marché médiatique

Quoi qu’il en soit, tous se préoccupent du financement de leur projet et notamment des ressources publicitaires. D’une part, parce que le marché ne présente pas, pour l’heure, des signes encourageants du fait de la récession que vit le pays. D’autre part, parce que les ressources publicitaires sont bien en deçà des attentes du marché médiatique.

Ainsi et à en croire les chiffres fournis par le cabinet Sygma Conseil, les radios n’ont bénéficié, en 2010, que de 33,6 millions de dinars de recettes publicitaires, soit 20 % du chiffre d’affaires global de la publicité: 164 millions de dinars. Un chiffre jugé, à juste titre, théorique ne prenant pas en compte les 3 R (Remises, Ristournes et Rabais). Ce qui veut dire, en réalité, que ce chiffre ne dépasserait pas 120 millions de dinars.

Une autre zone d’ombre, pour ainsi dire, au tableau: le Premier ministère, qui a pris en charge les attributions communicationnelles de l’Etat, assurées auparavant par le défunt ministère de la Communication, du moins certains d’entre elles, du reste nécessaires dans tout Etat démocratique, n’a pas encore établi les textes des conventions qui doivent préciser pour les promoteurs leurs droits et devoirs.

Ces conventions, qui sont en fait des contrats, doivent être signés par les promoteurs avec une instance de régulation de l’audiovisuel, qui se doit de jouer le rôle de «policier» de l’audiovisuel, veillant à l’application des textes des conventions et de la déontologie.

Annoncée au début de l’été dernier, cette instance n’est toujours pas créée, et le projet de texte la concernant, préparé par le gouvernement de Béji Caïd Essebsi, doit être examiné par la Constituante.

Pourtant, toute la procédure en vue du démarrage des nouvelles radios privées, autorisées à émettre, donc, en juin 2011, ne devait pas prendre plus que six mois!