Pour un pacte social équilibré et productif sans hyper étatisme

Par : Autres

hamadi_06-1.jpgTout programme équilibré de notre société doit se conformer au précepte de la
nature humaine, où chaque citoyen s’active à chercher une position sociale
élevée.

Ce même individu a tendance à protéger son territoire, ce qui se traduit par la
notion de la propriété privée. Sans nier l’importance de la faculté de se mettre
à la place d’autrui, à défaut, chaque individu aura tendance à marginaliser ses
concitoyens, et les initiatives créatrices disparaîtront rapidement.

Par ailleurs, et pour poser les jalons de cette analyse et dans une société
égalitaire, plus aucun «espoir» pour les individus de pouvoir améliorer leur
situations. Les sociétés égalitaires dérivent toujours vers une dictature
sanglante, et le gouvernement est obligé de placer un système de contrôle
puissant pour obliger chaque travailleur à remplir son objectif malgré l’absence
de motivation.

Une classe dominante s’impose progressivement. Ce corps finit assez rapidement
par former une oligarchie totalitaire, réprimant toute opposition parce qu’il
n’arrive pas à assurer le minimum vital nécessaire au maintien de la société,
étant incapable de planifier des structures équilibrées et durables.

Nonobstant une inégalité extrême, dans laquelle on exerce une exclusion
permanente ne correspondant pas non plus à la nature humaine, notre instinct
d’empathie s’y oppose. Les sociétés de ce type finissent par être rejetées,
comme les sociétés égalitaires.

Un projet social équilibré et productif se doit donc:

– de motiver au maximum les citoyens, chacun devant subir pleinement ses choix
et de laisser se développer un niveau d’initiative suffisante pour que le
progrès général puisse avoir lieu;

– de respecter la propriété privée générée par le labeur et l’honnêteté;

– de faire des nouveaux progrès sur le chemin de la solidarité pour s’assurer
qu’aucune personne ne puisse être exclue et que chacun puisse rebondir:
nécessité d’une solidarité et d’une protection minimales mais universellement
sélectionnées.

Le projet de société repose sur cinq principes: la couverture médicale
universelle, revenu minimum de soutien, réforme du système éducatif, neutralité
de l’Etat, minimum des déficits publics avec objectif majeur, la relance de
l’initiative privée, de la croissance et de l’emploi.

L’Etat providence jouera un rôle primordial pour veiller, aider et protéger la
population tout entière.

1/ Les prestations médicales universelles

L’objectif est qu’aucune personne ne doit être marginalisée. La consolidation
territoriale d’une couverture maladie universelle et gratuite, excluant
évidemment toute prestation de confort, est incontournable.

Il serait préférable qu’elle soit financée directement par l’impôt et non par
des cotisations sociales, afin de réduire encore le coût du travail pesant sur
nos entreprises.

La prise en charge intégrale sera réservée aux plus bas revenus, en exigeant
pour les autres qu’ils souscrivent à l’assurance santé de leur choix pour les
prestations de santé «classiques», l’Etat assurant toujours les pathologies
lourdes nécessitant une hospitalisation, sans conditions de revenus.

Pour ce faire, il est indispensable de mettre à niveau tous les établissements
hospitaliers régionaux et au niveau des délégations, sans écarter les efforts de
sensibilisation pour responsabiliser les citoyens.

La santé des Tunisiens n’a pas de prix si on tend vers des degrés de
productivité optimale.

2/ Le revenu minimum de soutien

Ce revenu permettrait à chaque individu de satisfaire les biens primaires (se
nourrir, se loger, se vêtir, voire acquérir certains biens culturels de base),
et laisserait l’individu libre de mener ensuite sa vie comme il l’entend. Il est
parfois aussi appelé «revenu social garanti», «revenu universel», «revenu
d’existence», «dividende universel» ou revenu citoyen lorsqu’il est financé par
la redistribution des revenus issus des ressources naturelles comme c’est le cas
en Alaska depuis 1976.

Pour la Tunisie, je pense que le principe du revenu d’existence est simple:
toute personne majeure en quête de travail digne, ayant une formation
professionnelle et les diplômés de l’enseignement supérieur, doit être
bénéficiaire, et je peux aller plus loin pour attribuer un montant inférieur à
tout mineur issu d’une famille déshéritée et qui ne dispose pas de revenu
minimum et inscrit obligatoirement à l’école primaire.

Ce revenu n’est évidemment pas un encouragement à l’assistanat: il s’agit d’un
simple filet de secours permettant une survie peu confortable, et incitant
fortement à rechercher une source supplémentaire de revenus.

Il a vocation à se substituer à la quasi-totalité des prestations, subventions,
usines à gaz en tous genres actuellement versées, ce qui implique évidemment des
économies considérables dans le budget de l’Etat et une simplification massive
de ses structures.

Les ordres de grandeur d’un revenu d’existence peuvent se situer mensuellement à
200 dinars pour les adultes en quête de travail et de 100 dinars
trimestriellement pour les mineurs, ce qui serait acceptable et constituer
certainement un outil de relance de l’équilibre de la société.

D’après Wikipédia et au niveau mondial, les partisans de ce revenu d’existence,
est «défendue sous des appellations et pour des motifs divers par des
universitaires et des militants, des hommes d’affaires et des syndicalistes, des
formations politiques de droite et de gauche, des mouvements sociaux et des
organisations non gouvernementales, l’allocation universelle a bénéficié de
l’appui d’étranges coalitions et suscité de féroces oppositions». Elle est
défendue aussi bien par des altermondialistes que par des libertaires.

Et toujours d’après cette même source, aux États-Unis, le Prix Nobel d’économie
Milton Friedman, fondateur du monétarisme et critique du keynésianisme,
défendait l’idée dans “Capitalisme et liberté“ (1962). Il s’agissait pour lui
d’éviter l’effet pervers de la solution –dirigiste, bureaucratique et peu
transparente dans ses utilisations– d’un empilement d’allocations sociales
créant, selon lui, un esprit d’«assistanat», voire de mendicité, plutôt que de
matérialiser un droit inhérent de la personne. Il proposait de mettre en place
cette proposition par l’introduction de l’impôt négatif sur le revenu, couplé à
un impôt à taux unique.

En 1968, Robert Lampman, Harold Watts, James Tobin, John Kenneth Galbraith, Paul
Samuelson et plus de 1.200 économistes de bords politiques différents ont envoyé
au Congrès américain une pétition en faveur d’un programme de revenu garanti.
Une loi faillit passer sous Nixon; et la mesure était aussi défendue par Martin
Luther King. Le rival de Nixon à la présidentielle de 1972, George McGovern,
conseillé par James Tobin et Robert Solow, proposait aussi d’instaurer un revenu
inconditionnel. Un impôt négatif, attribué aux seules familles qui
travaillaient, a été mis en place en 1974. Le Royaume-Uni a fait de même en 2000
avec le Family Tax Credit.

En France, le revenu universel garanti est soutenu aussi bien à Droite qu’à
Gauche, les modalités de sa mise en œuvre distinguant les diverses propositions.
La Droite propose notamment un revenu nettement inférieur à celui proposé à
Gauche.

Les exemples ne manquent pas. Par exemple, à Alaska on a mis en place une forme,
très particulière, d’allocation universelle, le “revenu citoyen“, basé sur les
revenus miniers et pétroliers de la région.

Au Royaume-Uni, le gouvernement de Tony Blair a mis en place, en mai 2003, le
Child Trust Fund, une mesure proposée par Bruce Ackerman.

En Namibie, enfin, une expérimentation a été menée dans le secteur de Otjivero –
Omitara (environ 1.000 personnes à 100 kilomètres de Windhoek la capitale). Elle
consiste à distribuer chaque mois pendant deux ans (à partir du premier janvier
2008) à chaque habitant enregistré 100 dollars namibiens. Au bout de quelques
mois d’expérimentation, la criminalité à baissé, la sécurité alimentaire de la
population a augmenté, plus d’enfants vont à l’école plus souvent, et des
micro-entreprises se sont mises en place qui revitalisent le tissu économique et
social du village.

3/ L’éducation gratuite et de qualité

En principe, il faut œuvrer pour l’égalité des chances, même si les écarts ne
faisant que s’amplifier par la suite. Mais le système se doit au moins d’offrir
à chacun sa chance, les mineurs n’ayant pas à subir les conséquences des choix
de leurs parents. Il faut donc continuer fermement d’assurer une éducation
gratuite, au moins jusqu’à l’âge de la majorité, avec un système de bourse pour
la suite en cas de nécessité.

En effet, l’équation: Revenu d’existence + santé + éducation doit être rapporté
au PIB pour assurer les strictes fonctions régaliennes (sécurité intérieure,
défense, grandes infrastructures, diplomatie…) du secteur public, dans le
cadre d’un Etat et de collectivités locales aux structures largement
simplifiées, sans les innombrables structures aussi inutiles que coûteuses.

Le financement serait assuré par un système d’imposition qui soit le plus simple
possible.

4/ La neutralité de l’Etat

L’Etat se doit d’être neutre et n’a pas vocation à inciter à quoi que ce soit en
matière de comportement économique! Ce principe ne signifie pas absence de
règles. Il s’agit simplement de dire qu’à chaque fois que c’est possible, l’Etat
n’a pas à influencer les comportements individuels.

5/ La réduction maximale des déficits budgétaires

Les nouvelles générations et les générations à venir n’ont pas à financer la
fuite en avant sans fin de leurs aînés. Donc, l’interdiction pour toute
administration publique de pouvoir avoir recours au déficit et de pouvoir créer
de la monnaie à un rythme supérieur à celui de la croissance du PNB doit être
inscrite dans la Constitution.

C’est également une condition indispensable à la stabilité à long terme de la
valeur de notre monnaie et au respect de la neutralité de l’Etat.

De même, les augmentations des salaires doivent aboutir à une meilleure
croissance par le biais de la productivité. Une insuffisance de production
locale pousse l’Etat à importer et d’aggraver ainsi les déficits.

Pour conclure, un tel projet de société est possible avec l’avènement de la
Révolution du 14 janvier 2010 qui nécessite des bouleversements pour être
applicable rapidement. Mais il représente, à mon avis, une société reposant sur
des bases solides: la liberté, la responsabilisation de tous, des emplois pour
tous, la production de richesses réelles, et une couverture de base permettant à
chacun de rebondir en cas de besoin.

Dans un premier temps, il faudrait régler le problème le plus urgent, la
réduction des inégalités entre les régions et s’attaquer aux spectres de
l’emploi par la relance des investissements utiles via les initiatives privées.

Au fil du temps, le revenu minimum de soutien pourrait être mis en place,
question de moyens, pour permettre l’emploi des catégories exclues pour cause de
croissance insuffisante, et en substitution de prestations existantes, avant
d’être élargi à toutes les catégories souffrant du chômage. Simultanément, le
marché du travail devrait être libéralisé.

Pour les retraites, à terme, il me semble logique que chacun prépare sa propre
retraite de façon responsable, une fois le minimum vital assuré par l’Etat.