L’aide de la Maison Blanche à l’automobile n’apaise que modérément la crise

[20/12/2008 19:09:55] NEW YORK (AFP)

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çant le 19 décembre une aide d’urgence à l’automobile (Photo : Saul Loeb)

L’aide d’urgence de 13,4 milliards de dollars de la Maison Blanche en faveur des constructeurs automobiles américains, assortie de conditions très sévères, a ranimé quelques espoirs vendredi, mais l’enthousiasme reste mesuré face à la dégradation de l’économie mondiale.

Le président américain George W. Bush, longtemps réticent à utiliser au profit de l’automobile des fonds “Paulson” votés pour sauver le système financier, a expliqué qu’il aurait été irresponsable de laisser tomber les constructeurs.

Soulagée par le déblocage de cette aide, la Bourse de New York a d’abord grimpé, mais le Dow Jones a effacé ses gains pour terminer en repli de 0,30%, alors que les constructeurs américains paraissaient encore loin de la sortie du tunnel.

L’aide de Washington “repousse d’un trimestre la possibilité d’une faillite dans le secteur”, a relevé à Wall Street l’analyste Peter Cardillo, d’Avalon Partners.

Pour assurer leur retour à la rentabilité, General Motors (GM) et Chrysler vont recevoir rapidement 13,4 milliards de dollars. Ensuite, une deuxième tranche de 4 milliards de dollars sera mise à la disposition de GM en février, sous réserve du déblocage de la deuxième partie des fonds du plan Paulson par le Congrès.

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és de Chrysler le 18 décembre 2008 à Warren (Photo : Spencer Platt)

Pas question toutefois pour l’Etat de signer un chèque en blanc. Si ces entreprises ne sont pas devenues viables d’ici au 31 mars, elle devront rembourser l’ensemble des sommes avancées.

Le président élu Barack Obama a lancé une mise en garde aux constructeurs, les appelant à faire “des choix difficiles”, pour assurer la viabilité à long terme du secteur.

De son côté, le Canada va présenter samedi un plan d’aide au secteur automobile, a annoncé le bureau du Premier ministre Stephen Harper.

Après avoir ouvert en baisse, les marchés européens, rassurés par le geste de la Maison Blanche, ont limité leurs pertes. Paris a perdu 0,26%, Londres 1,O1% et Francfort 1,26%. Les efforts de relance se mulipliaient à la surface du globe.

Barack Obama a promis vendredi un plan de relance “audacieux” pour sortir l’économie américaine de la récession après sa prise de fonctions le 20 janvier, mais a refusé de le chiffrer, alors que la presse évoque jusqu’à 1.000 milliards de dollars.

Après la Réserve fédérale américaine, la Banque du Japon a ramené ses taux d’intérêt à un niveau proche de zéro, au niveau symbolique de 0,10% contre 0,30% précédemment.

La banque va également se substituer aux banques commerciales en fournissant directement des fonds aux entreprises menacées d’asphyxie par le tarissement du crédit: elle va acheter massivement des effets commerciaux émis par les entreprises privées.

L’Allemagne prépare de son côté un deuxième plan de relance de 40 milliards d’euros, consacré à des investissements massifs dans les infrastructures, des baisses d’impôts et des cotisations maladie.

La France de son côté devrait basculer dans la récession début 2009, avec comme corollaire une montée du chômage, tandis que le moral des industriels continue de se dégrader. L’institut des statistiques (Insee) prévoit un recul de 0,8% du PIB au dernier trimestre 2008, suivi d’une nouvelle baisse de 0,4% au premier trimestre 2009.

La ministre de l’Economie Christine Lagarde a toutefois estimé que le plan de relance français de 26 milliards d’euros pourrait stimuler la croissance à hauteur de 1% du PIB. La crise a débordé sur la scène politique: le gouvernement belge a démissionné après avoir été accusé de pressions sur la justice dans le cadre des efforts de sauvetage de la banque Fortis.

Quant à la Lettonie, mise en difficulté par la crise financière, elle devrait recevoir un prêt de 7,5 milliards d’euros de la part d’un groupe de prêteurs parmi lesquels le Fonds monétaire international, l’UE et les pays nordiques.

Les prix du pétrole ont de nouveau chuté, le baril terminant à New York à 33,87 dollars, en baisse de 2,35 dollars. Sur le marché des changes, l’euro a abandonné une bonne partie de ses gains des jours précédents, alors que les mauvaises nouvelles sur l’économie européenne se sont accumulées. Vers 21H30 GMT, la monnaie unique reculait à 1,3915 dollar contre 1,4268 dollar la veille.