Hydrocarbures : la Bolivie pense convaincre les compagnies étrangères de rester

Par : Autres

 

Hydrocarbures: la Bolivie
pense convaincre les compagnies étrangères de rester

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Le président bolivien
Evo Morales (c) après l’annonce de la nationalisation des
hydrocarbures, à Carapari dans le sud du pays, le 1er mai 2006

Le gouvernement bolivien du président Evo
Morales s’est dit convaincu que les multinationales étrangères préfèreront
renégocier leurs contrats de production de gaz et pétrole plutôt que s’en
aller, après l’annonce de la nationalisation des gisements et du déploiement
de l’armée.

 

“Plus de 80% du gaz qui permet le
fonctionnement d’un monstre industriel comme Sao Paulo vient de Bolivie. Si
il y a quelqu’un qui ne coupera pas les robinets c’est bien Petrobras parce
que cela affecterait le principal centre industriel du Brésil”, a déclaré le
ministre des hydrocarbures, Andrés Soliz, pour expliquer la sérénité des
dirigeants boliviens.

 

Le ministre a souligné que l’Argentine aussi a
“une besoin impérieux du gaz bolivien”. La Bolivie, l’un des pays les plus
pauvres d’Amérique du sud, possède les deuxièmes plus grandes réserves de la
région derrière le Venezuela (1.550 milliards de mètres cubes).

 

Evo Morales, premier Amérindien au pouvoir dans
le pays, a annoncé lundi la “nationalisation” des hydrocarbures et le
déploiement de l’armée sur les 56 gisements du pays, qui produit aussi un
peu de pétrole (40.000 barils par jour). Un délai de 180 jours a été donné
aux multinationales étrangères pour régulariser leur situation en signant de
nouveaux contrats d’exploitation.

 

Le décret de “nationalisation” de M. Morales
ordonne aux compagnies étrangères de “remettre la propriété et la production
des hydrocarbures à YPFB” (la compagnie nationale bolivienne) et impose une
nouvelle répartition des revenus, réservant 82% à l’Etat contre 50%
précédemment.

 

Le ministre Soliz a jugé improbable des
demandes d’arbitrages internationaux et d’indemnisation par les compagnies
étrangères car elles savent qu’elles attendaient plusieurs années avant
d’obtenir une décision judiciaire.

 

Jorge Alvarado, président de YPFB (Yacimientos
Petroliferos Fiscales Bolivianos) a souligné à l’appui de l’optimisme
ambiant que le français Total avait été le premier groupe à prendre des
informations mardi sur les nouveaux contrats.

 

Mais le groupe espagnol Repsol-YPF qui assure
25,7% de la production de gaz bolivien via sa filiale Andina, a prévenu
mardi depuis Madrid qu’il “recourra à tous les arbitrages possibles pour
protéger ses actifs” en Bolivie, une fois analysées les implications du
décret, notamment en matière de sécurité juridique et de garanties
d’investissements.

 

Le gouvernement espagnol, qui a convoqué lundi
le chargé d’affaires bolivien à Madrid pour lui exprimer sa “profonde
préoccupation”, veut réunir jeudi ou vendredi les entreprises du pays
présentes en Bolivie pour faire le point.

 

Comme la direction du groupe Repsol, le patron
de Petrobras Рqui contr̫le 14,5% des r̩serves boliviennes en gaz РSergio
Gabrielli a averti que sa firme “adopterait les mesures légales nécessaires
pour préserver ses droits” face à une décision “unilatérale” et à un “geste
inamical”.

 

Le gouvernement a aussi exprimé sa surprise
alors que le Brésil s’attendait “à un traitement différencié” en raison de
l’importance des investissements de Petrobras (un milliard de dollars depuis
1996) et de l’appui apporté par le président Lula à M. Morales pendant sa
récente campagne électorale, a noté un conseiller de Lula cité par la
presse.

 

Le Brésil reçoit quotidiennement 30 millions de
m3 de gaz de Bolivie dont le sud du pays dépend pour 100% de ses besoins. Le
président de Petrobras a tenu à rassurer la population, soulignant que la
fourniture de gaz est normale et que des contrats d’approvisionnement sont
en vigueur “jusqu’en 2019”.

 

Le vice-président bolivien Alvaro Garcia Linera,
mentor économique de M. Morales, a souligné que les gisements et les
raffineries “resteront sous la garde de l’armée” jusqu’à ce que les
objectifs fixés par le décret de nationalisation soient atteints.

 

“Les firmes pétrolières vont continuer d’en
profiter mais maintenant ce seront des gains normaux. Avant le décret,
opérer en Bolivie c’était comme gagner à la loterie car les bénéfices tirés
étaient abusifs”, a-t-il affirmé.

 

 

 

© AFP 2006

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