Financement et IDE, la Tunisie améliore son rating, malgré la conjoncture

Par : Autres

    

Financement et IDE, la Tunisie
améliore son rating, malgré la conjoncture
 

Management &
Nouvelles Technologies – Magazine
On-Line : 03-05-2003 à
10:00

 

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Moody’s améliore la notation tunisienne de Baa2, contre Baa3, pour les
émissions obligataires de la BCT et “Prime2” pour le court terme.
– Amélioration aussi de la notation “dépôts en devises” pour 7 banques
tunisiennes privées et publiques.

L’agence de notation, internationalement connue et reconnue, Moody’s
Investor’s Service, vient d’améliorer le rating ou notation des émissions
obligataires publiées, (ou à publier) par la Tunisie et la Banque Centrale
de Tunisie de Baa3, à Baa2.

Dans son communiqué, en date du vendredi 18 avril 2003, Moody’s précise dans
cette partie de la notation qui concerne les émissions long terme, que “les
plafonds alloués pour la Tunisie, en matière d’emprunts obligataires et de
dépôt, ont été tous deux revus à la hausse et passent à Baa2, contre des
notations de Baa3 pour les emprunts obligataires et de Ba1 pour les dépôts
“.
Pour le court terme en billets (ou “Notes” selon l’expression anglaise) et
dépôt, le communiqué de Moody’s indique que “la notation a été améliorée de
“Not Prime” à “Prime2”. Cela revient à dire que le rating court terme passe
de “non privilégié” à “Privilégié de 2ème rang
“.

Pour expliquer cette décision d’amélioration de la notation souveraine de la
Tunisie, Moody’s précise que “les facteurs clés sont l’amélioration du
rating sont essentiellement la stabilité de l’économie Tunisienne et sa
résistance aux chocs externes. En 2002, le PIB réel a seulement évolué de
1.9%, ce qui représente le taux de croissance le plus bas au cours des 10
dernières années.

 

Cela a été causé par quatre années de sécheresse consécutives, la récession
économique mondiale et les effets du 11 septembre et l’influence des
événements de Djerba sur le secteur du tourisme. Néanmoins, le déficit
courant et le déficit du budget ont pu être limités à respectivement 3.8% et
2.6% du PIB”.

Moody’s constate aussi que sur les dix dernières années, la Tunisie a
réalisé une croissance moyenne réelle du PIB de plus de 5% et ce, en dépit
de la volatilité de la production agricole. Ces taux de croissance
consistants sont le résultat d’une importante augmentation de
l’investissement, une augmentation soutenue des exportations et une
stratégie hautement diversifiée dans le secteur du tourisme.

Cependant, attire-t-elle l’attention, “d’ici 2006 la Tunisie aura besoin
d’une croissance économique plus grande à un taux annuel d’au moins 6%, afin
de pouvoir absorber la demande additionnelle d’emplois dans une population
largement constituée de jeunes”. L’agence de notation a cependant averti que
la dette publique de la Tunisie, actuellement à 62% du PIB, reste élevée en
comparaison avec les pays le la même catégorie de rating.

Moody’s a en même temps noté comme positifs, les 10.7% de moyenne de
croissance annuelle des exportations, sur toute la période des dix dernières
années, leur diversification croissante, et les liens forts entre Tunisie et
l’Union Européenne. Elle indique ensuite que “le déficit courant de la
Tunisie s’est stabilisé en 2002 à 3.8 %, contre 4.2 % en 2001” et explique
que “le déficit courant résulte en premier lieu de la croissance
d’investissements financés, en grande partie, par les IDE (Investissement
Direct Etranger), contribuant ainsi à stabiliser le niveau de la dette
extérieure”.

 


  Historique de la notation
tunisienne

Date

Rating action

Emissions
à l’étranger
Obligations & Billets
Long-terme   short-terme

Emissions à l’étranger
Dépôts en banques
Long-terme   court-terme
Emissions Locales
Obligations de l’Etat

6.4.1995

Rating assigné Baa 3 *           
–                     

2.10.1995

Rating assigné –                     
 Ba1              
NP

25.6.199

Rating assigné –                     
–                     

Baa2

* Les
perspectives de la notation ont été changées, de stables en positives,
depuis le 3 février 2000

Il est important à ce stade de noter que parmi les facteurs de convergence
nécessaires à chaque pays européen pour adhérer à la zone Euro, il y a le
déficit courant qui ne doit pas dépasser les 3%.

L’importance de l’information découle de deux choses. La première aux
sources de financement extérieur, la capacité de collecter des fonds, dans
des montants importants et à des conditions avantageuses. Le taux d’intérêt
appliqué dans ces cas est fonction de la notation qui exprime le degré de
risque.

La seconde est l’impact de cette notation sur les investissements directs
étrangers. Les investisseurs consultent généralement les notations et ne
s’installent que dans les pays à bon rating. Ils font aussi le lien entre la
notation et le rendement de l’investissement. Dans un pays à haut risque la
prime de risque est élevée, alors que dans un pays à un niveau de risque bon, comme la
Tunisie, les investisseurs peuvent se contenter d’un rendement peu élevé et
le pays devient concurrentiel pour les IDE.

Les banques aussi

En lien avec cette révision, vers le mieux, de la notation souveraine de la
Tunisie, Moody’s Investors Service a aussi amélioré la notation qui évalue
la capacité des banques de la place, de plus en plus appelées elles aussi à
sortir sur les marchés internationaux des capitaux, à honorer leurs
capacités en devises lorsqu’elles empruntent ou acceptent des dépôts en
devises.

L’agence internationale de rating a ainsi amélioré la notation de dépôt en
devises de 7 banques tunisiennes, les faisant passer de Ba1 à “Baa2, avec
perspectives stables
“. Un second communiqué de Moody’s explique que “ces
changements sont en droite ligne de la récente révision du plafond pour les
dépôts étrangers et les émissions obligataires pour la Tunisie
“. L’agence de
notation explique cependant que “si le rating de dépôt de la plupart des
banques reste lié à la notation souveraine du pays, le rating des banques
privées les moins performantes pourra être dissocié de celle du pays
“.
Moody’s fait ainsi la différence entre banques privées et publiques et
semble beaucoup plus faire confiance à ces dernières et au soutien dont
elles bénéficient de l’Etat, dont la notation souveraine est déjà bonne et
reflète un haut degré de confiance dans ses capacités de remboursement.

Les 7 banques dont la notation dépôt en devises a été améliorée, sont les
suivantes :

– Amen Banque : Baa2 avec perspective stable.
– Arab Tunisian Banque : Baa2 avec perspective stable.
– Banque de Tunisie : Baa2 avec perspective stable.
– Banque du Sud : Baa2 avec perspective stable.
– Banque Internationale Arabe de Tunisie : Baa2 avec perspective stable.
– Société Tunisienne de Banque : Baa2 avec perspective stable.
– UBCI : Baa2 avec perspective stable

Pour expliquer cette amélioration de son rating, Moody’s met en exergue la
stabilité de l’économie tunisienne et sa résistance aux chocs externes
qu’elle perçoit notamment dans la courbe décroissante des déficits, courant
et du budget.

Moody’s explique ensuite que l’amélioration des notations de la STB, de la
BS et de l’Amen Bank dont la notation est de E+ (sur une échelle qui va de A
jusqu’à E) s’est faite “sur la base de l’existence d’un fort et évident
soutien de la part des associés et du gouvernement
“.

Dans le cas des deux banques privées l’Amen Banque et la Banque
Internationale d’Arabe Tunisie (dont la note est légèrement mieux de D-),
l’agence de notation indique qu’il n’est pas sûr, dans le cas d’une nouvelle
amélioration de la notation souveraine de la Tunisie, que le rating de ces
deux banques en soit automatiquement amélioré et cela “en dépit de
l’existence d’actionnaires financièrement forts et de motivations du
gouvernement à leur offrir son support”.

Dans le cas de la Banque les Sud, Moody’s évoque le projet de privatisation
de la banque et précise qu’une nouvelle amélioration de son rating dépendra
de l’identité de l’acquéreur.
 

30-04-2003


Khaled
BOUMIZA